Priape ithyphallique - un des dieux de fertilité - Pompéi - Naples - Musée archéologique - Italie

Priape ithyphallique - un des dieux de fertilité - Pompéi
Italie - Naples - Musée archéologique

" Priape dans cette peinture murale découverte à Pompéi est représenté en homme
(nain) pourvu d'un énorme pénis constamment en érection (ithyphallique).

Il porte sur lui quelques attributs liés à Hermès : un caducée et des ailes aux chevilles.
La couleur de sa peau évoque la couleur de la terre et la teinte habituelle de la peau
des paysans travaillant en plein soleil d'où son titre "le Dieu Rouge", ou "le Rouge".



Priape (Priap ou Priapis) :
Est le dieu de la fertilité et le symbole de l'énergie virile et reproductrice ; il est le fils de la nymphe Naïas ou Chioné, mais dans une autre version, il est le fils de Dionysos avec Aphrodite qui a eu l'occasion de l'accueillir à son retour triomphant des Indes, ou encore le fils d'Aphrodite et Hermès.

Parfois, de cette liaison d'Aphrodite avec Dionysos, on cite la naissance d'un autre fils, il s'agit d'Hymen (Hyménée) le dieu de la cérémonie du mariage.

Dans d'autres versions, Priap était le fils d'Aphrodite avec l'une de ces trois divinités (Zeus, Pan ou Adonis).

Héra, la jalouse d'Aphrodite et l'infatigable poursuivante de Dionysos, elle décida de nuire au fruit de leur union, c'est-à-dire leur enfant Priape qui naquit avec des difformités extraordinaires : il est représenté en homme (nain) pourvu d'un énorme pénis constamment en érection (ithyphallique - ithus : du grec = en érection), mais il est également représenté comme Hermès ou en forme de borne d'Hermès (herm) ou un terme : sculpture composée d'un buste manchot (sans bras) sur un socle avec représentation du dieu sous forme d'une tête couronnée de feuilles de vigne ou de laurier, avec des cornes de bouc et des oreilles de chèvre. Quelquefois, on place près de lui des instruments de jardinage, un panier, une faucille de moissonneur et une massue afin de faire peur aux voleurs et faire fuir les oiseaux. Parfois on représente Priape avec une crête de coq, une bourse dans la main droite et une clochette dans la main gauche. Priape était également représenté avec trois phallus : le premier était son corps, le deuxième était son sexe normal et le troisième était en arrière comme une queue, d'où son nom de "Triphallus".
Priape était dans certains cas représenté sous forme d'un phallus géant peint de rouge (qui était son symbole). La couleur rouge de ses représentations fut à l'origine de son titre "Le Dieur Rouge" ou tout simplement "Le Rouge".

Chez les Romains, Priape fut adoré sous le nom de "Mutunus Tutunus".

Aphrodite, ayant constaté cette difformité de son fils Priape, craignant d’être ridiculisée, elle l'abandonna dès sa naissance, à Lampsaque, sur les bords de l'Hellespont (l'actuel détroit des Dardanelles), ce sont les bergers qui l'élevèrent. Par son aspect révulsant et son comportement de libertin, il devint l'objet de terreur et de refus, mais suite à une épidémie touchant le pays que les habitants interprétaient comme étant une forme de punition de la part d'Aphrodite à cause de leur maltraitance de son fils Priape, alors ils décidèrent de le garder parmi et eux et de le vénérer comme étant leur dieu et ils le surnommèrent le Lampsacène ou l'Hellespontique. Ils déposaient sur les édifices consacrés à Priape des têtes d'ânes et ils sacrifiaient pour lui ces animaux afin de mémoriser ses aventuras avec la Nymphe Lotis qui lui échappa grâce aux braiments de l'âne de Silène.

À l'âge d'adulte Priape devint jardinier et portait de serpette (outil tranchant à fer souvent recourbé et servant à couper des branches de petites dimensions). Il avait une activité sexuelle intense, pour cette raison il fut adoré comme étant une des divinités de la fertilité qui assure la reproduction des troupeaux des chèvres et des moutons, il présidait à l'élevage des ruches d'abeilles et veillait sur les champs de cultures et les jardins en assurant la pousse, la floraison et la fructification des plantes des jardins et des vignes (d’où son titre du dieu protecteur et gardien des Jardins et des Vergers).
À Lampsaque, anciennement on plaçait dans les jardins des statuettes de Priape en bois de figuier ou de saule, avec un énorme phallus afin de protéger le lieu et faire fuir les oiseaux et les petites bêtes ; dans cet aspect sa statue jouait le rôle d'un épouvantail, disposé dans les champs, dans les arbres, pour effrayer les voleurs et les oiseaux et les faire fuir.

Ce en Asie qu’il a été introduit dans le cortège de Dionysos.

Arès (ou Mars), le dieu de la guerre chez les Grecs et les Romains, était le fils de Zeus (Jupiter) et Héra (Junon), mais dans une autre version : Héra, jalouse de son époux Zeus qui a engendré, par lui même (sans principes féminins), sa fille Athéna (Minerve), elle a voulu de concevoir, par elle-même, sans participation de principes masculins et engendrer un enfant.
La Nymphe Chloris (Flore chez les Romains) conseilla Héra de se déplacer vers les campagnes d'Olène en Achïe, là où elle poussait une fleur très particulière parce qu'il suffit d'être en contact avec elle pour que son désir de gestation soit réalisé ; effectivement, grâce à cette fleur; Héra tomba enceinte et donna naissance à un fils, ce fut Arès ; elle le confia à Priape pour l'élever et l'éduquer, ce dernier lui apprit la danse et les mouvements du corps nécessaires à maîtriser pour un guerrier de son rang.

Les Priapées sont des fêtes qui se déroulaient à Rome afin de célébrer le dieu "Priape" : c'étaient surtout des femmes qui y participaient en s'habillant en Bacchantes ou en dansant et jouant de la flûte et d'autres instruments musicaux. L'animal sacrifié durant ces fêtes était un âne, que la prêtresse de la cérémonie préparait et tuait à l'honneur du dieu Priape.

A Rome, Priape tenta de violer Vesta (Hestia chez les Grecs ; déesse du foyer) endormie, mais un âne (l'âne de Silène) la sauva en la réveillant grâce à son braiment. La " Fête des ânes "qu'on célébrait à Rome au mois de juin fut instaurée par la Vesta afin de récompenser cet animal bienveillant.

A Rome, le 9 juin, lors de la " Fête des Vestalia ", les boulangers de la ville suspendaient des couronnes de pains au cou des ânes qui font tourner leurs meules (lourde pièce cylindrique qui sert à moudre, à broyer les graines des céréales). Cette attitude de la part des Romains peut être expliquée par cette légende de Priape et Vesta.

La Nymphe Lotis réussit toujours à échapper au Priape qui cherchait à s'unir à elle : un jour, elle lui échappa grâce au braiment de l'âne du vieux Silène qui l'avertit de l'approche imminente du dieu ithyphallique. Puis une deuxième fois, au moment où elle était sur le point de tomber aux mains de Priape, elle se métamorphosa en plante, le lotus (le lotus rouge ou jujubier). L'âne finit par payer de sa vie ses braiments d'avertissement, et depuis, les sacrifices de l'âne lors des fêtes et des cultes à l'honneur de Priape sont devenues la règle, à Hellespont et ailleurs.

En effet, Priape n’aimait pas l'âne qui était à l'origine de l'échec de ses multiples conquêtes amoureuses, puis cet animal pouvait être son rival par excellence grâce à la longueur de son impressionnant sexe.

Le priapisme : état pathologique caractérisé par l'érection prolongée et douloureuse de la verge sans aucun désir qui l'occasionne et n'aboutissant à aucune éjaculation. Ce terme médical vient du non Priape ithyphallique.


Références :
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P. Commelin. Mythologie grecque et romaine. Paris, Editions Garnier Frères. 1948.


Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : le 9 Mai, 2020

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Paris / France