Art africain - Masque Sénoufo kpélié  - Sénoufos - Côte d'Ivoire

Art africain
Masque Sénoufo kpélié
Masque facial double lomané (surmonté d'un oiseau)
Côte d'Ivoire

  • Les masques Sénoufo Kpélié :

    Le nom « kpélié » signifie « le visage qui saute » ; c'est l'impression que l'observateur peut ressentir quand le masque est porté par le danseur « nafeere ».

    Les masques kpélié font référence à un ancêtre et parfois à l’ancêtre primordial ou le dieu féminin.

    Ils sont utilisés à la fin de la 2° phase initiatique « poro » ; dans certains rites la fécondité ; lors des funérailles où ils sont portés par les membres de la société secrète « kulibèlè » afin de se remémorer le défunt ; et enfin, les masques Kpélié sont utilisés également comme des objets profanes, dans les fêtes de divertissement, au début du printemps. 

  • Les caractéristiques des masques kpélié :
    • La personne représentée sur le masque kpélié est une jeune femme au visage ovale allongé et parfois légèrement concave en longueur ;
    • La bossure ou le nodule frontaux symbolisent le sexe féminin ;
    • Les yeux sont étirés ou en forme de fente ;
    • Le nez est long avec deux petites ailes terminales ;
    • Les scarifications bilatérales paranasales renvoient aux « jumeaux générateurs d'origine »
    • Sur certains masques on peut observer la présence de trois à quatre scarifications linéaires partant des deux commissures latérales de la bouche et que l'on retrouve, chez certaines personnes et statues, de chaque côté de l'ombilic avec le même symbolisme « nous sommes tous les enfants des jumeaux originels ».
    • Des mèches de cheveux en haut et sur les deux côtés du visage.
    • La crête de cheveux frontale évoque les rêves que les esprits de la brousse utilisent pour apporter aux hommes certaines révélations et enseignements.
    • Souvent la crête frontale est associée ou remplacée par certaines figures : un caméléon ou un autre lézard, un oiseau, deux cornes d'animal, des noix du palmier à huile, une figure humaine, un objet d'usage quotidien
    • Parfois le masque kpelié Sénoufo est à double face, une à côté de l'autre (comme dans le masque présenté dans cet article).
    • Le masque kpélié peut être confectionné par sculpture sur bois, mais certains masques sont en métal. Parfois le masque peut être entouré d'un rang de cauris (coquillages).
    • Le masque est souvent de couleur noir, mais parfois il est polychrome : bleu et blanc ; rouge et blanc ; doré (en métal)...

  • Chaque sculpteur « navaga » a son modèle de masque d'où la large gamme de détails différents d'un masque à un autre et d'un sculpteur à un autre.

    Les masques kpélié ne portent pas toujours de charge spirituelle particulière et ils peuvent être vus par tous, homme et femmes.

    Le porteur du masque kpélié lors des funérailles est appelé « nafeere » ; il doit tourner trois fois autour du corps du défunt avant son enterrement.

  • Les Sénoufos (Senufo - Siéna) :

    Sont au nombre d'environ trois millions, vivant dans une large zone géographique répartie entre le Sud de Mali dans la région de Sikasso, le Sud-Ouest de du Burkina Faso, le Ghana et le Nord de la Côte d'Ivoire.

    Ils sont connus par leurs œuvres sculpturales : portes sculptées, masques, statues rituelles de grande taille appelées « pombibele » utilisées lors des funérailles par les enfants en cours d'initiation poro.
    Les Sénoufos produisent également des statues de maternité puis des objets divers cérémonieux et profanes utilitaires ou décoratifs comme les sièges, les cannes et les tissus peints.

    Les Sénoufos sont essentiellement cultivateurs produisant d'igname (plante grimpante des régions tropicales donnant des tubercules comestibles), de manioc (plante des régions tropicales, de la famille des euphorbiacées, dont la racine comestible est utilisée pour faire une farine, le tapioca), le mil (céréale à petits grains) et de riz (céréale de la famille des graminées).

  • Ils croient en un dieu créateur au nom de « Koulotiolo », il est inaccessible, mais par contre, chaque village a sa mère régénératrice « Katiéléo » accessible grâce à un processus initiatique appelé « poro ». Ce processus est divisé en trois phases, chacune dure 7 ans.

    La première phase de poro est appelée « poworo », elle concerne les garçons ages de 7 à 12 ans qui doivent être initiés à l'agriculture et à la mythologie Sénoufo. La deuxième phase « kwonro » comporte des enseignements militaires, liturgiques et des danses. La troisième phase « tyologo » concerne les adultes ; elle est divisée en douze échelons, le dernier est le « kafo ».


  • Références :
    • L'art de l'Afrique. Série " Génie de l'art". Editions Place des Victoires - Paris. 2014.
    • Jacques Kerchache, Jean-Louis Paudrat, Lucien Stéphan, Germain Viatte. L'art africain. Editions Citadelles & Mazenod. 2008.
    • Boyer Alain-Michel. Les arts d'Afrique. Guides Hazan 2007.
    • Zerbini Laurick. ABCdaire des arts africains. Flammarion 2002.
    • Trésor de la Langue Française.
    • http://www.art-africain.fr/ethnie/senoufo/vie-rituels-afrique-noire


Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : le 18 Juillet, 2018

     
  aly-abbara.com
avicenne.info
mille-et-une-nuits.com
Paris / France