- Les extrasystoles :
- Elles sont classées en deux groupes :
- Extrasystoles auriculaires (ESA) (contactions auriculaires prématurées - premature atrial contractions : PACs)
Certains auteurs n'utilisent pas l'adjectif "auriculaire" ; ils le remplacent par l'adjectif "supraventriculaire", car n'importe quelle partie des oreillettes peut se dépolariser prématurément et déclencher un battement "ectopique " ou un extrasystole ; donc une extrasystole supraventriculaire peut être générée à partir d'un foyer situé dans l'oreillette droite ou gauche " extrasystole auriculaire " ; et la zone de jonction (du nœud auriculo-ventriculaire) " extrasystole jonctionnelle ou nodale ".
- Il s'agit de contractions auriculaires prématurées déclenchées par un foyer situé dans la partie auriculaire du cœur.
- On distingue entre deux types d'extrasystoles auriculaires :
- Extrasystoles auriculaires conduites :
- ESA est suivie d'une contraction ventriculaire prématurée (c'est-à-dire, le stimulus naissant dans une oreillette ou dans la zone de jonction est conduit normalement aux les ventricules excitables).
- Dans l'extrasystole auriculaire conduite, sur l'ECG (électrocardiogramme), il existe une onde P, mais elle est anormale parce qu'elle ne naît pas du nœud sinusal.
- Dans l'extrasystole jonctionnelle (nodale), soit il n'existe pas d'onde P, soit elle est visible immédiatement avant, ou dans le sillage ou après le complexe QRS, car le stimulus ectopique est conduit simultanément aux oreillettes et aux ventricules.
- Les complexes QRS et les ondes T des extrasystoles auriculaires ou jonctionnelles sont normaux et identiques (forme et durée) aux complexes QRS du rythme sinusal, car le stimulus suit la voie normale de conduction vers les ventricules (le faisceau de HIS). Parfois le complexe QRS est modifié car la stimulation auriculaire ectopique et prématurée arrive aux ventricules par voies de conduction aberrantes.
- Extrasystoles auriculaires bloquées :
- ESA n'est pas suivie d'une contraction ventriculaire prématurée (le stimulus naissant précocement dans une oreillette ne stimule pas les ventricules qui sont encore en phase réfractaire et non excitables).
- Les extrasystoles auriculaires bloquées, fréquentes et suivies de repos compensateur désorganisent l'enregistrement du RCF (rythme cardiaque fœtal) au tococardiographe (TCG) et peuvent mimer une bradycardie fœtale sinusale qui survient dans un contexte d'hypoxie fœtale, ou de bloc auriculo-ventriculaire. C'est l'échographie (surtout en mode TM) qui permet faire le diagnostic différentiel entre ces trois pathologies du rythme cardiaque fœtal.
- Les extrasystoles supraventriculaires perturbe la périodicité normale du nœud sinusal (qui se trouve dans l'oreillette droite), la conséquence est : le décalage du cycle des ondes P, cela se traduit par la survenue tardive de l'onde P qui suit l'extrasystole (l'impression de l'existence d'une pause compensatrice) ; puis cette onde P est inversée sur l'ECG.
- Les extrasystoles auriculaires du cœur. fœtal sont à l'origine des arythmies les plus fréquentes au cours de la grossesse (80 à 90 % des cas), surtout à partir du début du troisième trimestre avec un pic entre 36 et 41 SA (chez 1 à 2 % des fœtus) ; généralement bénignes et survenant en dehors de toute anomalie morphologique ou fonctionnelle cardiaque et enfin, sans retentissement sur l'hémodynamique fœtale.
- Elles sont associées à des maladies congénitales cardiaques dans 1 à 2 % des cas.
- Malgré leur bénignité, elles nécessitent une surveillance régulière, parce qu'elles peuvent évoluer, dans 2 à 3 % (ou moins de 5 %) des cas, vers une tachycardie soutenue supraventricualire, soit in utero, soit dans les 3 à 4 semaines de vie.
- Parmi les facteurs du risque d'évoluer vers une tachycardie :
- fréquence ventriculaire basse en raison de la présence de multiples extrasystoles auriculaires bloquées (dans moins de 15 % des cas) ;
- la présence d'extrasystoles bigéminées ou trigéminées.
- extrasystoles auriculaires d'apparition précoce durant la grossesse , avant 28 SA.
- Parmi les causes évoquées pour expliquer la survenue des extrasystoles auriculaires chez le fœtus :
- La stimulation mécanique de la paroi de l'oreillette gauche par le mouvement ample de la valvule de Vieussens ;
- La consommation maternelle de certains stimulateurs (tabac, alcool et caféine).
- L'administration de certains médicaments à la femme enceinte (les bêta-mimétiques par exemple).
- Extrasystoles ventriculaires (contractions ventriculaires prématurées - premature ventricular contractions : PVCs)
- Il s'agit de contractions ventriculaires prématurées déclenchées par un foyer situé dans la partie ventriculaire du cœur. ; la propagation de la stimulation ectopique et prématurée se propage au myocarde ventriculaire par des voies de conductions anormale, d'où la déformation du complexe QRS.
- Moins fréquentes que les extrasystoles auriculaires (7 % seulement des extrasystoles).
- Chez le fœtus sont dans la majorité des cas bénignes surtout quand elles sont isolées.
- Comme toutes les extrasystoles, elles sont reconnaissable en échographie, en mode TM
(contraction ventriculaire précoce fermant les valves auriculo-ventriculaires, suivie ou non de contraction auriculaire).
- Sur l'ECG, les extrasystoles ventriculaires n'ont pas de pas d'on P, et les complexes QRS ne sont pas normaux, souvent large et prenant n'importe quel aspect, avec un aspect de bloc de branche (bloc de branche droite si l'extrasystole d'origine gauche ; et bloc de branche gauche si l'extrasystole naît au ventricule droit).
Quand les extrasystoles ventriculaires sont originaires du même foyer ventriculaire (monofocales); leur complexe QRS prennent la même forme (monomorphes), mais se elles sont originaires de plusieurs foyers (polyfocales), leur complexe QRS est différent (polymorphes).
Le bigéminisme est la survenue, après chaque complexe QRS normal, une extrasystole ; et trigéminisme est la survenue, après deux complexe QRS normaux, un extrasystole. Le doublet est la survenue, après un complexe QRS normal, deux extrasystoles successives.
- Les extrasystoles ventriculaires, contrairement aux extrasystoles supraventriculaires, ne perturbent pas la périodicité du nœud sinusal (le rythme de la survenue des ondes P), donc, l'onde P suivant l'extrasystole apparaît au moment attendu, et la distance qui sépare l'onde P précédente de l'onde P suivante de l'extrasystole est égale à 2PP.
- Quand une extrasystoles ventriculaire survient précocement pour être incluse dans l'onde T du battement cardiaque qui la précède, elle peut déclencher une fibrillation ventriculaire.
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- Références :
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- Jean-Marie Jouannic, Damien Bonnet. Le coeur foetal. sauramps médical 2011. p:220-221.
- Hans-Peter Schuster, Hans-Joachim Trappe. L'ECG sans peine. Médecine Sciences Publications. 2011.p:85-86 ; 96-97.
- Alfred Abuhamad, Rabih Chaoui. A Pratical Guide to Fetal Echocardiography. Wolters Kluwer, Lippicott Williams & Wilkins 2010. p355-356.
- John R. Hampton. L'ECG facile. ELSEVIER 2010. p:77-80.
- Bernard Guérin du Masgenêt, Yann Robert, Philippe Bourgeot, Philippe Coquel. "Echographie en pratique obstétricale". Masson 2009. p:321.
- J.Woodward Paula, Kennedy Anne, Sohaey Roya, Karen Y. Oh, L.B Byrne Janice, D. Puchalski Michael. EXPERTdd Obstetric. Amirsys. 2009. 5:24.
- Nadine David. Echocardiographie foetale. Abrégés-Masson 2009. p:118-120.
- Eberhard Merz. Ultrasound in Obstetrics and Gynecology. Thieme 2005. p:291-292.
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