Musées du Vatican - Rome - Italie - Le groupe sculptural de Laocoon (Laocoön) et ses deux fils tués par étouffement par deux serpents de mer

Musée du Vatican - Rome - Italie
Le groupe sculptural portant le titre : Laocoon (Laocoön)
Laocoon et ses deux fils attaqués par deux géants serpents de mer.
Statue retrouvée à Rome en 1506, mais sculptée vers 40 - 30 av. J.-C.


Le groupe sculptural : Laocoon (Laocoön) :
(Note du musée augmentée)
Ce groupe de statues a été trouvé en 1506 sur la Colline d’Esquiline (dans les bains de Titus) à Rome et a été immédiatement identifié comme un chef-d’œuvre de la Guerre de Troyenne.

Laocoön, un prêtre d’Apollon dans la ville de Troie, avertit les Troyens de laisser le cheval abandonné par les Grecs en dehors des portes de la ville.

Athéna et Poséidon, qui favorisaient les Grecs, ont envoyé deux grands serpents de mer qui enroulèrent leurs corps autour du Laocoön et ses deux fils et les tuèrent.

Du point de vue Romaine, cet événement était cruciale à la décision d'Énée, qui a observé l'avertissement de Laocoön, de sauver de la mort ces innocents Troyens, et ceci a mené à la fondation certaine de Rome.

Telle importante sculpture ne pouvait pas s'échapper aux entourages du Pape Jules II (1503-1513) qui l'ont acheté immédiatement et qui l'ont exposée dans la Cour des Statues Courtyard (Statues delle Cortile), en la marquant comme étant la pièce maîtresse de la collection.

Il y a eu beaucoup de discussion sur la date de la création de la statue, qui semblerait avoir été sculptée aux environs de 40-30 av. J.-C. Elle est attribuée à trois artistes de Rhodes, Polydore, Athénodore et Agésandre qui la taillèrent ensemble, dans un seul bloc de marbre.

Beaucoup de musées, de palais, de chateuax et de jardins publiques possèdent des reproductions de cette statue de Laocoon : le musée du Louvre, le musée d'Orsay, le palais de l'Assemblé Nationale à Paris, même le Musée du Vatican...

Laocoon (Laocoön) :
Laocoon était le fils du prince troyen Anténor, ou fils de Priam et d'Hécube et frère d'Anchise. Il était également le prêtre d'Apollon et de Poséidon (Neptune) à Troie.

Malgré son vœu de célibat afin de consacrer sa vie à servir Apollon, il commit un outrage et une profanation graves en se mariant et en s'unissant avec son épouse aux pieds de la statue du dieu provoquant ainsi sa colère et sa détermination de vengeance.

Les Grecs laissèrent un énorme et mystérieux cheval en bois de sapin devant les murailles de Troie puis ils firent courir les rumeurs qu'il s'agissait d'une offrande consacrée à Athéna (Pallas-Minerve) pour l'obtention d'un retour sans difficulté dans leurs pays ; ensuite, ils firent semblant d'abandonner leur siège de la ville de Troie en cachant leur énorme flotte derrière l'île de Ténédos.

Certains Troyens pensaient qu'il fut nécessaire de faire entrer cette offrande grecque à l'intérieur de la ville, mais Cassandre (la prophétesse et la fille de Priam) et Laocoon étaient complètement opposés à cette idée dangereuse. Pour prouver qu'il s'agissait d'une ruse grecque, Laocoon lança un javelot sur les flancs du cheval colossal de bois ; le son produit par le choc de l'impacte entre les deux corps prouvait la présence d'une cavité à l'intérieur de cette machine qui n'était qu'une forteresse ambulante occupée par des soldats armés, et dans laquelle des armes s'entrechoquaient, alors il conseilla les Troyens de ne pas l'introduire dans la ville, mais au contraire de la brûler sur place.

Malheureusement, la plupart des Troyens voyaient les agitations de Laocoon comme des gesticulations d'ordre de l'impiété et de l'offense à Athéna.

Au moment où Laocoon, frappa le géant cheval de bois avec son javelot, deux énormes et affreux serpents venant de l'île de Ténédos sortirent de la mer et se dirigèrent tout droit à l'autel où Laocoon faisait ses sacrifices ; ils attaquèrent à ses deux fils, Antiphate (Antiphas) et Tymbraeus (Thymbraios) et s'enroulèrent autour de leurs corps, puis ils saisirent Laocoon qui venait à leur secours ; ces deux serpents ne lâchèrent pas de prise qu’après avoir tué par lacération et étouffement le père et ses deux fils. Une le meutre groupé a eu lieu, les deux tueurs de mer quittèrent la scène et se dirigèrent vers le temple d'Athéna afin de se cacher derrière le bouclier de sa statue.

Il s'agissait d'une vengeance meurtrière décidée par Apollon outragé par la conduite incorrecte de Laocoon vis-à-vis de ses cultes et son temple, mais les Troyens crurent que la seule raison de sa mort et la mort de ses fils étaient son refus d'introduire le cheval de bois dans leur ville et encore, le fait de commettre le sacrilège de le frapper par son javelot qui provoqua la colère des dieux.

Cet événement encouragea les Troyens à créer un passage dans les remparts de leur ville et faire pénétrer le cheval de bois au cœur de leur cité, dans le temple d'Athéna.

Comme on le sait, il s'agissait d'une faute fatale à l'origine de la destruction totale et la disparition définitive de la ville de Troie, parce que, la nuit suivante, pendant que toute la ville était plongée dans un sommeil profond, un traître grec nommé Sinon ouvrit les accès aux flancs du cheval-forteresse afin que les guerriers grecs puissent sortir et répandre la mort et la désolation dans toute la cité.

Le mythe de Laocoon dans "Enéide" - Livre II - Virgile (70 - 19 av. J.-C.) :

Enée raconte la prise de Troie : alors que les Grecs ont abandonné sur le rivage un gigantesque cheval de bois, Sinon, un Grec qui déclare avoir abandonné son camp, prétend que les Troyens seront définitivement vainqueurs s'ils le font entrer dans leur ville.
Voici qu'à la tête d'une troupe nombreuse arrive le grand prêtre Laocoon ; il accourt du haut de la citadelle et il crie de loin, furieux :

- Malheureux ! Vous êtes fous ? Vous croyez que les ennemis sont partis ? Vous pensez que les Danaens peuvent faire des cadeaux sans qu'il y ait un piège derrière ? C'est bien ça la réputation d'Ulysse ? Ou bien des Achéens sont cachés dans ce cheval de bois ou bien c'est une machine fabriquée pour attaquer nos murs, espionner nos maisons et s'abattre de toute sa hauteur sur notre ville, ou alors il y a encore un autre piège caché à l'intérieur. Troyens ne vous fiez surtout pas à ce cheval ! Quoi que ce soit, je crains les Danaens, même lorsqu'ils font des cadeaux.
A ces mots, de toutes ses forces, il lance un énorme javelot dans les flancs de la bête : il s'y fixe en vibrant ; ébranlé dans ses profondeurs, tout le ventre de bois résonne et laisse échapper une sorte de long gémissement. Si les dieux ne s'y étaient pas opposés, si nos esprits n'avaient pas été aveuglés, Laocoon nous aurait poussés à planter nos lances aux pointes de fer dans les cachettes des Argiens ! Troie, tu serais encore debout ! Haute citadelle de Priam, tu existerais encore !
[...]

Cependant, Laocoon, que le sort avait alors désigné comme prêtre de Neptune, le dieu des mers, était en train d'immoler solennellement un énorme taureau sur l'autel préparé pour le sacrifice. La mer est calme. Mais voici qu'arrivent de l'île de Ténédos, glissant côte à côte sur les flots, deux serpents - je frémis d'horreur en le racontant ! - : ils s'enroulent en spirales immenses, ils gagnent le rivage, la tête dressée au-dessous des vagues avec leurs crêtes énormes rouge sang. La mer écume et résonne de leur venue. Leurs yeux brillants sont injectés de sang et de feu ; avec leur langue toute vibrante, ils lèchent leurs gueules qui sifflent. A cette vue, nous fuyons tous, blancs de peur.

Mais les serpents, sans hésiter, foncent sur Laocoon. Ils se jettent d'abord sur ses jeunes fils, ils les enlacent, ils les étouffent, ils les dévorent ! Laocoon se précipite alors à leur secours, une arme à la main. Aussitôt, les serpents le saisissent et le serrent dans leurs énormes anneaux. Deux fois, ils l'ont pris par la taille, deux fois ils ont enroulé autour de son cou leurs anneaux couverts d'écailles, tendant leurs gueules menaçantes au-dessus de sa tête. Avec ses mains, le prêtre tente en vain de défaire leurs nœuds ; ses bandelettes sont souillées de bave et de venin noir. Laocoon pousse des cris horribles vers le ciel : on dirait le mugissement d'un taureau blessé fuyant l'autel du sacrifice et secourant la hache mal enfoncée dans sa nuque. Mais les deux dragons glissent et fuient vers les temples : ils gagnent la citadelle de la cruelle Pallas et ils s'abritent aux pieds de la déesse, derrière son bouclier.

Alors une terreur inconnue s'empare de nos cœurs et nous fait tous trembler : on se met à raconter que Laocoon a mérité ce châtiment parce qu'il a osé jeter sa lance sur le cheval sacré. On crie en chœur qu'il faut transporter cette offrande à sa place et implorer la toute-puissance de la déesse ! Nous faisons une brèche dans nos remparts, nous ouvrons les remparts de la ville : tous se mettent à l'ouvrage. On glisse des roues sous les pieds du cheval, on accroche des cordes de chanvre autours de son cou et on tire : la machine de mort franchit les remparts, pleine d'hommes armés. Tout autour d'elle, des enfants, garçons et filles, chantent des hymnes sacrés, s'amusent à toucher le câble qui la traîne. Le cheval s'avance, il glisse, menaçant, jusqu'au cœur de la ville.

Texte extrait de : Annie Collognat. Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine. omnibus 2016. p:555-557.


Références :
Annie Collognat. Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine. omnibus 2016.
Catherine Salles. La mythologie grecque et romaine. Pluriel 2013.
Histoire de la Mythologie. National Geographic France. 2012.
Jean-Claude Belfiore. Dictionnaire des Croyances et Symboles de l'Antiquité. Larousse in extenso. 2010.
Philip Wikison, Neil Philip. La Mythologie ; création ; dieux ; héros ; monstres ; lieux mythiques. Edition Gründ 2008. p;55 ; 86.
Félix Guirand, Noël Schmidt. Mythes, Mythologie, Histoire et dictionnaire. Larousse 2006.
Jacques Lacarrière. Dictinnaire amoureux de la Mythologie. Plon 2006.
Dictionnaire de l'Antiquité. Sous la direction de Jean Leclant. Quadrige / puf. 2005.
Timothy Gantz. Mythes de la Grèce archaïque. Belin 2004.
Anthony Rich. Dictionnaire des antiquités romaines et grecques. Editions Molière 2004.
Arthur Cotterell. Mythes et légendes du monde. Encyclopédie illustrée. Maxi-Livres, Paris. 2002.
Jean Chevalier, Alain Gheerbrant. Dictionnaire des symboles. Rboert Laffont. 1982.
P. Commelin. Mythologie grecque et romaine. Paris, Editions Garnier Frères. 1948.

Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : le 10 Mai, 2020

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Paris / France