Glossaire des termes médicaux rares ou anciens utilisés
dans la traduction des textes médiévaux arabes



Recueil : Mme Joëlle RICORDEL
Joelle Ricordel

  • La traduction de certains termes médicaux employés dans les textes arabes écrits entre le IXe et le XIIIe siècles amène à utiliser, parfois, un vocabulaire français rare ou tombé en désuétude mais cependant mieux adapté pour rendre l’expression médicale de l’époque que ne le sont les formulations modernes plus courantes mais anachroniques.

  • Ce glossaire vise à expliquer les termes anciens rares et peu usités et à dater, si possible, leur apparition  dans le vocabulaire médical français. Il a été constitué à l’aide des définitions empruntées aux ouvrages dont les références suivent.

  • Dans le lexique des termes médicaux d’après les «Tables des médicaments simples» d’Ibn Biklârish, ces mots sont signalés par le signe *.

    • 1 - Le Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française Red. Rey A. Rey-Debove J. Paris.1984.
    • 2 - Platearius. Le livre des simples médecines d’après le manuscrit français 12322 de la Bibliothèque Nationale de Paris. Trad. Ghislaine Malandin. Paris : Ed. Ozalid et textes cardinaux. 1986.
    • 3 - Dictionnaire général de la langue française et vocabulaire universel des sciences, des arts et des métiers. Raymond F. Paris. 1832. II vol.
    • 4 - Dictionnaire de la langue française. Littré E. Paris : Gallimard/Hachette. 1963. 7 vol.
    • 5 - Dictionnaire arabe-français contenant toutes les racines de la langue arabe, leurs dérivés tant dans l’idiome vulgaire que dans l’idiome littéral, ainsi que les dialectes d’Alger et de Maroc. Kazirmiski (A. de Biberstein). Beyrouth : Librairie du Liban. Paris : Maisonneuve et Cie. 1860. 2 vol
    • 6 - Supplément aux dictionnaires arabes. Dozy R. Edit. originale de 1881. Leyde : E.J Brill ; Beyrouth : Librairie du Liban. 1991. 2 tomes.
    • 7 - Delaveau P. Histoire et renouveau des plantes médicinales. Paris : Ed Albin Michel. 1982.
    • 8 - Jacquart D., Thomasset C et al. Lexique de la langue scientifique (Astrologie, Mathématiques, Médecine) : Matériaux pour le dictionnaire du Moyen français (DMF). Klincksieck. 19979
    • 9 - Dictionnaire d’Histoire de la pharmacie : des origines à la fin du XIXe siècle. Lafont O. (Directeur). Paris : Pharmathèmes. 2003.
    • 10 - Dictionnaire des sciences pharmaceutiques et biologiques. Delaveau P. (Directeur). Paris : Louis Pariente. 1997. 3 vol. Académie Nationale de Pharmacie.Les chiffres portés entre parenthèses renvoient aux ouvrages précités.
 

Acrisie : 

Etat de crudité des humeurs (3) (voir : crudité).

Affusion :

(16ème S). Procédé thérapeutique consistant à verser de l’eau froide ou chaude sur une partie du corps (1). Opération analytique, pharmacotechnique ou pharmacologique consistant à verser un liquide par fractions successives sur un autre liquide ou sur un solide (10).

Agglutination : 

(14ème S). Action de réunir les chairs, les peaux, séparées par quelque plaie, par une coupure ..(3) ; en termes de médecine, recollement des parties contiguës accidentellement décollées ; c’est la première période de l’adhésion des plaies (4).

Apostume : 

Du latin apostema, ce mot recouvre tous les abcès, tumeurs purulentes, ulcères internes et externes. On disait aussi dans la langue médicale apostème (2). Terme générique pour désigner toute enflure, grosseur, causée par corruption humorale (8).

Aquosité :

(1498). Vx : liquide ; état de ce qui est aqueux (1). Toute matière aqueuse à l’intérieur du corps (8).

Arrière-faix : 

(16ème S.). Nom donné au placenta parce qu’il est expulsé normalement après le fœtus ; les membranes où l’enfant est enveloppé et qui sortent de la matrice après l’enfantement (3).

Astriction :

Action d’une substance astringente (4) ; vertu astringente (3).

Bézoard : 

Antidote : «  D’autant qu’en parlant de chacun venin à part, nous avons nommé son antidote bezahar, il faut savoir ce que veut dire ce mot : les antidotes et contrepoisons ont été appelés par les arabes en leur langue bezahar, c’est à dire en leur baragouin, conservateur de la vie » (4) citant A. Paré, XXIII,44). Nom donné aux concrétions calculeuses se formant dans l’estomac ou les intestins de certains mammifères (9).

Condylome : 

(16ème S.). Petite tumeur ayant la forme d’une excroissance charnue douloureuse et se situant autour ou à l’intérieur de l’anus, au périnée et aux parties génitales (2). Condilomate : excroissance, tubérosité de la région anale et génitale (8).
Bawâsîr: condylome au nez ou dans l’orifice de l’utérus ou aux pieds ou aux mains (5).

Conforter : 

(13ème S.). Relever les forces, donner du ton (4) ; donner des forces physiques à un organe (1). Fortifier (8)

Crudité  des humeurs :

Humeurs crues : humeurs qui ne sont pas suffisamment cuites par la chaleur naturelle (3).

Cucurbitin : 

Voir : ver

Dévoiement : 

Flux de ventre, relâchement du ventre (3) (4).

Drogue :

Nom générique des matières premières avec lesquelles les pharmaciens préparent les médicaments. (4) (7). Il s’agissait dessécher les organes végétaux des plantes médicinales et accessoirement des organes animaux pour assurer leur conservation en vue de la fabrication de médicaments (9). Tout produit doué de propriétés médicamenteuses, employé à l’état brut, tel qu’il existe dans la nature ou après des opérations matérielles qui n’exigent aucune connaissance pharmaceutique (10)

Dyscrasie

Mauvais mélange des humeurs

Ecligme, éclegme :

Nom donné autrefois à des médicaments dont on enduisait des bâtons de réglisse pour qu’ils fussent sucés lentement (4) ; médicament pectoral de consistance épaisse qu’on fait sucer aux malades. Peut se présenter comme un synonyme de looch (3) (9)

Ecrouelles :

(12ème S.) Maladie caractérisée par la tuméfaction des glandes du cou ; c’est la même chose que scrofules (14ème S.) (4) ; ancien nom des scrofules (tuberculose ganglionnaire) (2). Tumeurs dures qui se tiennent dans la chair molle, le plus souvent au cou.

Effusion de sang : 

(12ème S.). Ecoulement d’un liquide qui sort de ses vaisseaux ou réservoirs et qui s’épanche dans une cavité ou dans des tissus (4).

Egilops :

Petit ulcère calleux qui se forme dans l’angle interne des paupières (4).

Electuaire : 

(12ème S.). Médicament fait de poudres composées et aussi de pulpes et d’extraits, avec des sirops à base de sucre ou de miel (4).

Eléphantiasis :

Eléphancie (8). Eléphantiasis des grecs ou éléphantiasis proprement dite, lèpre du moyen âge, maladie grave caractérisée par des tubercules plus ou moins larges à la peau et par des altérations de plusieurs autres organes. Elle paraît contagieuse. Eléphantiasis des arabes, maladie qui rend les jambes grosses comme celles d’un éléphant et qui n’est pas contagieuse (4) ;
« Il y a deux sortes d’éléphantiasis la première est une espèce de lèpre où tous les membres perdent leur forme, se fendent et se creusent ; c’est la plus horrible maladie qui soit. La deuxième sorte d’éléphantiasis est celle qui affecte un bras ou une jambe les rendant trois ou quatre fois plus gros qu’ils ne devraient (au bout la main ou le pied peuvent aussi être enflés ou ne pas l’être ». Ces deux sortes d’éléphantiasis ont reçu plus tard, pour la première le nom d’éléphantiasis des grecs et, pour la seconde, éléphantiasis des arabes ou maladie glandulaire des Barbares (2).

Emouvoir le désir de luxure : 

Luxure a vite pris au moyen âge le sens figuré pour exprimer la profusion, le luxe puis la volupté et les désirs sexuels (2).

Empyème

(1560) Amas de pus qui se forme dans quelque cavité du corps et particulièrement dans la poitrine (3) ; au sens propre, collection de pus ; par extension, toute collection séreuse, sanguine ou purulente dans la cavité des plèvres (4) ; amas de pus dans une cavité naturelle (1)

Esquinancie : 

Inflammation violente du gosier qui empêche de respirer (3) ; inflammation de la gorge, s’étant dit d’une angine violente qui fait tirer la langue comme le chien haletant (4).

Feu Saint Antoine : 

Maladie probablement un érysipèle gangreneux qui a fait des ravages en France au 11ème S .(4).

Fièvre aiguë
 ou ardente :

Elle provient de l’humeur colérique. Le corps est brûlant à l’intérieur et glacé à l’extérieur (2).

Fièvre quarte : 

Elle se manifeste tous les quatre jours avec deux jours de répit elle est due à la mélancolie (2).

Fleurs :

Ce sont les menstrues. L’emploi nous est resté dans l’expression « fleurs blanches » pour désigner les pertes blanches d’une femme (2).

Fomentation : 

(13ème S.). Action d’appliquer un médicament externe et local, chaud ; fomentation humide, cataplasmes, compresses (1) ; c’est un bain chaud appliqué localement à l’aide d’une compresse ou d’un sachet imprégné de préparation (2). Application de substances échauffantes (8). Décoction destinée à imbiber des linges qui seront appliqués chauds sur les parties malades (9).

Fontaine de la tête :

Partie du haut de la tête où aboutissent les sutures ou la fontanelle (3) . Le terme de fontanelle n’est apparu qu’au 17ème siècle (1).

Glutinatif : 

Synonyme d’agglutinatif. Se dit des emplâtres qui ont la propriété de s’attacher promptement à la peau. Les remèdes agglutinants sont ceux auxquels on supposait la propriété de recoller les parties divisées (4).

Glutiner :

Refermer par adhérence (8)

Gravelle : 

(13ème S.). Maladie produite par de petites concrétions semblables à du sable ou à des graviers qui se forment dans les reins, se disséminent dans les voies urinaires où elles peuvent causer des douleurs insupportables (2) (10).

Hémoptysie : 

Au propre, crachements de sang par la bouche. Hémorragie de l’appareil respiratoire (2) (10).

Hiera picra : 

Confection médicinale dans laquelle il entre de l’aloès, qui est propre à faire évacuer la bile (3) ; la « hiera pigra Galien » était composée d’aloès, nard, safran, costus, herbe à chameaux, bois de baume, casse, mastic, asaret, rose, absinthe et miel (2)

Huile violat : 

Huile essentielle de violette. Infusion de fleur de violette dans de l’huile omphacine (9)

Huile rosat :

Huile essentielle de rose. Infusion de roses épanouies dans de l’huile d’olive ou de roses rouges non épanouies dans de l’huile d’olive verte (9).

Hydropisie : 

Il y a 3 sortes d’hydropisie : la première se caractérise par un gonflement du corps tout entier ; celui-ci est mou et quand on y appuie le doigt ou autre chose, la trace demeure. On l’appelle hyposarque ou leucophlegmasie ; la deuxième se caractérise par un ventre fortement tendu et enflé, et parce qu’il est plein de vents, il ne pèse pas lourd ; on appelle cette hydropisie tympaine car tympanum en latin signifie tambour ; la troisième se caractérise par un ventre très enflé et très lourd ; et quand le malade remue et se retourne d’un côté ou de l’autre, on entend un bruit pareil à celui d’un baril à demi-plein ; cette hydropisie et appelée ascite (2).

Incarnatif : 

Se disait des substances auxquelles on attribuait la propriété de faire revenir les chairs dans les plaies avec perte de substance.(4). Qui favorise la production de la chair (8)

Incrassant : 

Qui épaissit le sang ou les humeurs (3).

Julep : 

(Vers 1300). Du persan eau de rose ; potion faite d’eau et de quelque sirop (5) ; potion adoucissante et calmante dans laquelle il n’entre ni huile, ni substances purgatives, ni poudres ou substances extractives mais qui est composée simplement d’eau distillée et de sirops (4) ; potion à base d’eau et de sucre aromatisée à l’aide d’une essence végétale, servant de véhicule à certains médicaments (1).

Lienterie :

Sorte de dévoiement dans lequel on rend les aliments à moitié digérés. (3).

Looch :

(1520). Médicament sirupeux (adoucissant) composé essentiellement d’une émulsion et d’un mucilage (1) ; médicament liquide de consistance d’un sirop épais et destiné à être administré à petites doses par la bouche dans les maladies des poumons, du larynx, de l’arrière bouche (6). Médicament destiné à être léché (9) (10).

Maturatif :

Se dit des médicaments qui hâtent la formation de la matière purulente d’un abcès (3). Qui fait mûrir les matières (8).

Mélicéris :

Espèce de tumeur enkystée des glandes cutanées sébacées, formée par une matière jaunâtre qui a la consistance du miel (5) (6) (3).

Mondifier :

Nettoyer, déterger(4). Nettoyer les plaies et les ulcères et les cicatriser (9)

Mondificatif :

Se dit des remèdes ou onguents qui servent à nettoyer une plaie ou un ulcère (3). Nettoyage d’une substance en enlevant les enveloppes, pellicules, impuretés ou les parties malsaines ou inutiles (9).

Mordacité : 

(1478). Qualité d’une substance corrosive (1) (4) (6).

Mortifiant : 

(16ème S.). Nécrosant, gangrenant ; qui mortifie les chairs (4).

Mortifier :

Causer la mort, la gangrène d’une partie (4).

Omphacin, omphacine :

Se dit d’un suc ou d’huile que l’on tire des olives avant leur maturité (3) ; omphacium : ce mot désigne en latin, aussi bien le verjus que l’huile tirée des olives vertes (2).

Oxymel : 

(13ème S..). Oxymellite. Sirop de vinaigre et de miel auxquels peuvent être associées différentes substances.

Pâte :

Cuire en pâte, c’est cuire de façon à obtenir un médicament de consistance ferme (entre la pastille et la gelée) ; on préparait ainsi la pâte de guimauve, la pâte de réglisse, la pâte de lichen … (2).

Persures :

Synonyme d’ecchymoses (2).

Pessaire médicamenteux :

(13ème S). Médicament pour la matrice (1) ; il s’est dit, dans l’ancienne chirurgie des médicaments introduits à l’aide de pessaire (4) ; « Quand une femme souffre de quelque maladie de la matrice, on y introduit certaine médecine de substance liquide. Cette médecine et l’instrument avec lequel on l’administre, ont pour nom pessaire (2). Forme pharmaceutique destinée à être introduite dans le vagin dans un but curatif, constituée d’un tampon de tissu de laine, coton ou soie imprégné de substances médicamenteuses (9).

Pharmacopée :

A la Renaissance, le terme définissait l’art de préparer les médicaments. Il servait initialement à désigner des ouvrages traitant des matières premières, minérales, végétales et animales, de leurs propriétés et de leurs emplois (7) (9) (10).

Pléthore :

(1537). Surabondance des humeurs (1) (3) ; Surabondance du sang et des humeurs (4).

Procidence :

En médecine, chute d’une partie, comme de l’iris, du rectum, de la matrice (4)

Raisiné :

(1508). Sorte de confiture faite avec du raisin cuit et écrasé, avec du vin doux en y ajoutant quelquefois des poires que l’on coupe en deux ou en quatre (3) ; jus de raisin concentré et pris en gelée ;. confiture préparée avec ce jus (1).

Raucité :

(14ème S.).Caractère d’une voix rude et âpre (1).

Résoudre : 

Résorber, faire disparaître (1) ; faire disparaître peu à peu sans suppuration ; résoudre une tumeur, un engorgement, une inflammation (4).

Résolutif : 

(1314). Se dit d’un médicament qui détermine la résolution d’un engorgement, qui calme une inflammation (1) ; se dit des médicaments qui ont la propriété de faire disparaître les engorgements sur lesquels on les applique (4).

Subtil :

Se disait d’une substance très légère, presque imperceptible, très fluide (1). Clair, purifié (8).

Subtilisant :

Médicament qui rend plus subtil plus ténu (1).

Superfluités : 

(1180). Humeurs surabondantes (4); abondance où il entre du superflu (1) ; abondance vicieuse, inutile ; ce qui est de trop (3). Matière en surabondance, résidu (8)

Thérapeutique :

(15ème S.). Art d’utiliser les médicaments chez l’homme malade en tenant compte du comportement individuel de chacun et en s’appuyant sur les propriétés pharmacologiques de divers médicaments considérés isolément ou en association (7).

Tranchées :

Douleurs aiguës qu’on ressent dans les entrailles (4) ; douleurs abdominales aiguës ; on distingue les tranchées ou douleurs iliaques qui affectent plutôt l’iléon et les tranchées ou coliques qui affectent plutôt le colon (2).

Ulcères faveux :

Maladie cutanée chronique, contagieuse, caractérisée par des croûtes d’une odeur dégoûtante, qui ont été comparées à des rayons de miel (4).

Ver cucurbitin :

(14ème  S.). Nom donné au tænia parce qu’il est composé d’anneaux qui ressemblent à des semences de courge « Les anciens nommaient cucurbitins ces anneaux qui sont souvent rendus isolés et qu’ils prenaient pour des vers particuliers. Chaque anneau paraît un véritable ver ; et ce sont ces anneaux ainsi détachés qui ont été nommés par erreurs vers cucurbitins de leur ressemblance avec la graine de courge » (4).

Vésanie : 

(1490). Aliénation, maladie mentale (1) ; nom générique des différentes aliénations mentales (4).


Recueil : Joëlle Ricordel, titulaire d'un doctorat en Epistémologie :
Histoire des sciences arabe ; médecine-pharmacologiel
Paris VII-Denis Diderot l
Joelle Ricordel

Mise en page et publication par Dr Aly Abbara
Dernière mise à jour : 31 Août, 2010
Contact

www.aly-abbara.com
www.avicenne.info
www.mille-et-une-nuits.com
Paris / France