Vulvodynie et Vestibulite vulvaire
Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : 13 Mai, 2023


 
Définition et description
  • Vulvodynie
    • Littéralement : vulvo = vulve ; dynie = douleur donc le terme vulvodynie signifie " douleur à la vulve "
    • La définition de la vulvodynie selon l'ISSVD (International Society for the Study of Vulvar Disease :
      " Inconfort vulvaire, le plus souvent décrit comme des brûlures apparaissant en l'absence d'affection vulvaire visible ou de désordre neurologique spécifique."
    • En pratique, c'est une douleur vulvaire localisée ou diffuse, partout dans la région vulvaire, elle peut être ressentie :
      • soit lors d'un contact local (position assise, pantalon serré...) ou lors des relations sexuelles (attouchements ou encore lors de la pénétration) ;
      • soit spontanée, constante et continue même en dehors des relations sexuelles mais la pression vulvaire et les contacts sexuels ont tendance à l'aggraver
    • Cette douleur est un inconfort vulvaire qui peut être vécue comme étant :
      • une brûlure de cuisson ; une brûlure intense ;
      • un échauffement ;
      • une irritation ;
      • une douleur fulgurante dans toute la région vulvaire ;
      • une sensation de coupure de feuille de papier ;
      • un déchirement durant le coït ;
      • la sensation d'être déflorée (dévirginée) à chaque rapport sexuel ;
      • dans certains cas, une sensation de « vulve râpée » ou « au vif » ;
      • comme si l'on se promène avec une lame de rasoir sur la peau ;
        • "Toutes ces expressions ont été extraites des forums qui traitent le sujet de la vulvodynie"
    • La peau de la vulve maintient souvent une apparence normale, et l'examen clinique montre l'absence d'anomalie décelable.
    • La candidose vulvovaginale récidivante multiplie par quatre le risque de vulvodynie, et la vaginose bactérienne multiplie ce risque par 22 d'où l'intérêt de rechercher ces pathologies devant chaque vulvodynie et les traiter avant sa prise en charge. La sécheresse vaginale est peut être aussi comme un facteur de risque.

  • Vestibulite vulvaire :
    • Littéralement : ce terme signifie " l'inflammation du vestibule vulvaire"
    • C'est une forme particulière des vulvodynies ; elle est caractérisée par deux éléments principaux ;
      • Les douleurs :
        • les mêmes types de douleurs ressenties lors des vulvodynies, mais cette fois :
        • elles sont localisées dans une zone située dans une région en forme de fer à cheval se trouvant dans la partie inférieure du vestibule vulvaire, c'est-à-dire dans une zone située entre 3 et 9 heures de l'ouverture vaginale .
        • Les femmes atteintes de vestibulite vulvaire sont moins sujettes aux douleurs constantes ; elles éprouvent habituellement de la douleur en réponse à un contact physique.
      • Un érythème endovulvaire vestibulaire .
        • l'examen montre la présence d'une congestion prenant la forme de taches rouges, appelées érythème en plaques ;
        • cet érythème est situé :
          • le plus souvent autour de l'orifice des glandes de Bartholin
          • la partie postérieure de l'orifice vulvaire, depuis les orifices des glandes de Bartholin jusqu'à la fourchette.
          • la rougeur peut être unilatérale au niveau d'un seul orifice de glande de Bartholin.
        • déclenchement d'une douleur au simple attouchement de cette zone par un Coton-Tige.
        • quand l'érythème est unilatérale, très souvent, en touchant des zones non rouges, on déclenche les mêmes sensations de douleur ;
        • les biopsies des zones rouges érythémateuses montrent la présence :
          • d'un épithélium souvent aminci ;
          • d'une infiltration lymphoplasmocytaire en bande souvent très marquée du derme superficiel
          • absence d'altération nécrotique de l'assise basale.
Évolution et facteurs de risques
  • Généralement, ces maladies sont chroniques, elles affectent régulièrement et pendant une plus ou moins longue période la vie sexuelle de la femme.
  • Les causes des ces maladies sont franchement inconnues.
  • La vulvodynie et la vestibulite vulvaire ne sont pas un trouble psychologique, mes leurs conséquences affectent les aspects physiques et psychologiques de la vie. car elles ont comme effet de limiter l'activité sexuelle d'une femme et de nuire à ses relations.
  •  La vestibulite et la vulvodynie sont responsables de dyspareunie et de vaginisme.
  • Il a été décrit des formes primaires et secondaires :
    • Primaire : c'est-à-dire que la maladie présente depuis toujours ; elle s'annonce dès le début des contacts vulvaire (les premiers des rapports sexuels ou lorsque la femme tente d'insérer les premiers tampons) ;
    • Secondaire : lorsque la douleur survient après de nombreuses années de rapports sexuels indolores. Dans ces cas, l'apparition d'une vulvodynie ou d'une vestibulite vulvaire est secondaire à un événement spécifique comme
      • les diverses infections vulvaires (herpès, candidoses...) mais les infections à HPV ne sont pas
        considérées comme des infections déclenchant la maladie.
      • une antibiothérapie locale ou générale
      • traitements locaux agressifs (Podophylline, Acide trichloracétique, Laser...) ;
      • allergie ou irritations ;
      • l’utilisation abusive de produits tels que douches vaginales, savons parfumés, crèmes et autres produits de beauté ;
      • choc affectif, dépression, anxiété, surmenage ;
      • accouchement ; épisiotomie ; avortement ;
      • intervention chirurgicale sur le périnée ou une blessure périnéale ;
      • règles ;
      • plusieurs femmes constatent des fluctuations de leurs douleurs lors des diverses phases du cycle menstruel ;
      • de nombreuses femmes souffrant de vulvodynie affirment que leurs symptômes sont apparus ou se sont aggravés lorsqu'elles ont commencé à utiliser des contraceptifs oraux ;
      • La vulvodynie et la vestibulite vulvaire surviennent plus fréquemment chez les femmes atteintes de soit :
          • le syndrome de Sjogren ;
          • lupus érythémateux ;
          • fibromyalgie (maladie provoquant des douleurs chroniques caractérisées par la présence de points sensibles dans les régions touchées par la maladie).
        • Les deux premières maladies sont des maladies auto-immunes, la troisième maladie (fibromyalgie) est considérée par plusieurs chercheurs comme étant une maladie auto-immune ; certains auteurs estiment que la vulvodynie n'est qu'une des nombreuses manifestations de la fibromyalgie.
    • Des études ont montré que les antécédents de violence sexuelle n'étaient pas plus fréquents chez les femmes atteintes par cette maladie par rapports aux sans violence sexuelle. La violence sexuelle n'est plus considérée comme la cause de la vulvodynie.
Traitements proposés
  • Les traitements sont très nombreux, mais la multiplicité de ces traitements prouve que les causes exactes de la vulvodynie et la vestibulite vulvaire sont inconnues.
  • Les traitements actuels sont utilisés, surtout dans le but de diminuer la douleur.
  • On peut citer :
    • traitement sous forme de conseils :
      • application locale de glace après les relations sexuelles ou lorsque la douleur se fait sentir,
      • éviter l'utilisation de savon lors de l'hygiène des organes génitaux et se servir plutôt de gel nettoyant prescrit par les dermatologues
      • le port de sous-vêtements de coton.
    • Les crèmes à application vulvaire et les infiltrations vestibulaires :
      • crèmes anti-inflammatoires
      • crèmes anesthésiques
      • crèmes hormonales à base soit œstrogènes, soit de testostérone soit de corticoïdes
      • injection locale dans le vestibule :
        • d’anesthésiques (lidocaïne)
        • de corticoïdes.
        • certains ont proposé l'injections d'interféron
    • Médicaments :
      • Les antibiotiques et les antifongiques si le médecins pense qu'il existe un composant infectieux associé
      • Les antalgiques (anti-douleurs) : à utiliser avec prudence car elle risquent de créer une dépendance.
      • anticonvulsivants (qui sont utilisée dans le traitement de l'épilepsie) et les antidépresseurs tricycliques
        • ces médicaments non sont pas prescrits pour traiter la vulvodynie comme étant une épilepsie ou une maladie psychologique mais ils sont utilisée pour leurs propriétés qui permettent de modifier les signaux nerveux au niveau du périnée et rendent les nerfs moins sensibles aux stimulations ce qui aboutit à réduire ou faire disparaître la douleur qui caractérise les vulvodynies.
    • Les physiothérapies :
      • Les techniques de rétroaction biologique ( rééducation de la musculature périnéale par biofeedback)
        Certains auteurs utilisent ces techniques en pensant que la vulvodynie et la vestibulite vulvaire sont attribuables à la présence de muscles instables dans les parois de la région pelvienne en réponse à des lésions nerveuses ou à des dommages causés aux muscles eux-mêmes.
      • Acupuncture
        Elle permet l'obtention d'un soulagement temporaire mais ne constitue pas un remède à long terme.
    • Régimes alimentaires et suppléments nutritionnels
      • Certains auteurs (Clive Solomons, PhD,...) pensent que la vulvodynie et la vestibulite vulvaires sont la conséquence de l'accumulation de cristaux d'oxalate sous la peau. Donc, la réduction de l'apport en en oxalate peut soulager les patientes souffrant de cette maladie, pour attendre ce but il faut suivre un régime à teneur réduit en oxalate, et prendre régulière des suppléments de citrate de calcium, qui empêchent l'absorption des oxalates.
    • Chirurgie :
      • La chirurgie classique :
        • C'est le traitement de denier recours en cas de vestibulite vulvaire (et non la vulvodynie). L'opération est appelée la vestibulectomie, elle consiste en l'ablation intégrale des glandes vestibulaires majeures et mineures et le vestibule postérieur qui sera remplacée soit par la paroi vaginale soit, dans certains cas, par une greffe cutanée recouvrant la région vestibulaire.
        • Dans certaines études le taux de guérison est estimé à 60 à 75 %.
      • Chirurgie au laser :
        • En 1997, les National Institutes of Health des États-Unis ont recommandé que la chirurgie au laser ne soit pas être utilisée pour le traitement de la vulvodynie ou de la vestibulite vulvaire.

    Références :
    • C'est une pathologie très peu, voire pas enseignée dans les références classiques en Gynécologie ; alors je cite quelques références :
    • C.de Belilovsky : quel est le traitement d'une vulvodynie - Réalités en Gynécologie -Obstétrique n°150 - Décembre 2010. p32;34.
    • Mimoun Sylvain : Petit Larousse de la Sexualité - Larousse 2007
    • Pr. LESSANA-LEIBOWITTCH.Dr. BELILOVSKY. Département de Dermatologie. Groupe Hospitalier Cochin-Tarnier. Paris / France. Pathologie vulvaire (JANSSEN-CILAG).
    • BERNARD BLANC. Pathologie de la vulve et du vagin. 58. Vigot (1992).
    • La majorité des sites et des forums du web traitant le sujet de la vulvodynie et la vestibulite vulvaire.

 
   

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