Art africain - Tête Ifè - Visage rayé - Sculpture commémorative représentant l'oni (chef religieux) - Culture d'Ifè - Nigeria

Art africain
Tête Ifè au visage rayé
Sculpture commémorative représentant le roi ou le chef religieux (l'oni)
Culture de la ville d'Ifè - Nigeria
Sculpture en laiton - copie commerciale


  • Les premières traces d'habitation humaine dans la ville d'Ifè (au sud-ouest de Nigeria) remontent 500 apr. J.-C.

  • La culture de la ville d'Ifè remonte au XIIe - XIVe siècle de notre ère ; il s'agissait de la capitale de la cité-État des Yoruba ; ces derniers considèrent Ifè comme étant le cœur du monde, là où les dieux se sont installés en premier afin de peupler le monde. Ifè est également la capitale où régnait le roi ou le chef religieux appelé l'oni qui apparait publiquement, mi-caché derrière des rangs de perles.

    Après la vraie inhumation de l'oni défunt, et afin d'indiquer la continuité et perpétuation de son pouvoir, les Ifè procèdent, quelques mois plus tard, à une seconde funéraille durant laquelle ils utilisent ces têtes pour représenter leur oni.

    La tête Ifè peut être en terre cuite ou en bronze, elle est fixée sur une statue en bois habillée de vrais costumes et portant les emblèmes royaux. Après un cortège funéraire à travers la ville, la tête est enterrée dans un sanctuaire.
    Encore au XIXe siècle, lors des nouvelles cérémonies funéraires, certaines têtes Ifè ont été déterrées puis ré-enterrées au pied d'un arbre. La tête Ifè qui fut découverte par Frobenius à Olokun, les Yorubas avaient l'habitude, depuis soixante ans, de la sortir lors des fêtes annuelles.

    Les premières têtes Ifè ont été découvertes par Frobenius en 1909, ce dernier supposa qu'il s'agit d'objets d'art réalisés par des Européens, ou selon d'autres sources, par une colonie carthaginoise installée auparavant au Nigeria, parce que ces visiteurs n'imaginaient pas que les Ifè étaient capables de produire de telle performance artistique.

    Sur certaines têtes Ifè, le visage est couvert par des rayures sous forme de lignes longitudinales parallèles ; il s'agit de cicatrices de scarifications claniques d'appartenance. Ces scarifications n'existent plus à Ifè, et en général, au Nigeria, sauf chez les Teras, au nord-est du pays.

    Le visage de certaines têtes Ifès sont recouverts de cicatrices kéloïdes (chéloïdes) sous forme de bourrelets épais longitudinaux, linéaires séparés de larges zones de peau non cicatricielle.

    Les têtes Ifè rituelles ont presque la taille et des traits très réalistes de la tête et le visage humains ; elles comportent des trous disposés autour de la bouche et les joues afin de pouvoir fixer sur la sculpture, une moustache et une barbe en utilisant des poils d'animaux et des fibres végétales. Au niveau du cou on retrouve des traits transversaux, ou de rainures considérées par les Ifè comme d'éminents caractères de beauté.

    Certaines têtes Ifè sont couronnées, d'autres possèdent des trous permettant de fixer une vraie couronne sur la tête.

    Les historiens pensent que les Ifès ont produit ces têtes à usage funéraire durant une période allant d'un siècle et demi (dans l'hypothèse ou l'oni était mis à mort au bout de sept ans de règne) ou de trois à quatre siècles (dans l'hypothèse où la durée moyenne de règne d'un oni était de 20 ans).

  • Les sculptures en bronze d'Ifè ont été datées scientifiquement (par le carbone 14 et thermoluminescence) de 1050 à 1500 apr. J.-C, donc avant l'arrivée des Européens au Nigeria qui a eu lieu en 1485 (les Portugais).


  • Références :
    • L'art de l'Afrique. Série " Génie de l'art". Editions Place des Victoires - Paris. 2014.
    • Jacques Kerchache, Jean-Louis Paudrat, Lucien Stéphan, Germain Viatte. L'art africain. Editions Citadelles & Mazenod. 2008.
    • Boyer Alain-Michel. Comment regarder les arts d'Afrique. Guides Hazan 2007.
    • Zerbini Laurick. ABCdaire des arts africains. Flammarion 2002.


Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : le 13 Juillet, 2019

     
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