Grand-coquelicot ou Papaver rhoeas

Grand-coquelicot ou Papaver rhoeas

Grand-coquelicot ou Papaver rhoeas - fleur à quatre pétales, deux interne et deux  externes

Coquelicot ou Grand-Coquelicot (Papaver rhoeas)
Variétés françaises

(De la famille des Papaveraceae - Papavéracées)

الشَقيق - شَقائق النُعمان - الخَشْخاش المَنْثور
من فصيلة الخَشْخاشيات


  • Grand-Coquelicot (Papaver rhoeas) - plante médicinale :

    - Synonymes : Coquelicot ; Coquet ; Pavot-coquelicot ; Pavot des champs ; Pavot rouge ; Pavot-coq ; Chaudière d'enfer ; Ponceau ; Gravesolle ; Mahon ; Rose-de-loup ; Rhoias en grec...

    Le terme " coquelicot " dérive de " Coquerico " qui signifie " Coq " en raison de la ressemblance entre la couleur de la crête de coq et la couleur des pétales des fleurs de la plante.

    Le terme " Rhoeas " vient du grec " Rhoias mêkôn " signifiant " qui coule " et faisant allusion à la facilité avec laquelle les pétales tombent : la fleur s'ouvre et se fane en une journée, remplacée le lendemain par une nouvelle fleur. Pour certains auteurs, le mot " Rhoeas vient du grec et signifie " rouge ".

    La plante est probablement originaire du Proche et Moyen-Orient, accompagnant l'homme dès les premières cultures de céréales : la grand-coquelicot poussent facilement dans les terres fraîchement remuées pour la culture ou la construction (par activation des graines enfuîtes dans la terre suite à l'exposition à l'air et à la lumière).

    Le grand-coquelicot est qualifié de " Messicole ", c'est-à-dire, une plante compagne habituelle des moissons.

    Il a été retrouvé des fleurs de coquelicot dans des tombes égyptiennes datant du XII° siècle av. J.-C.

    La couleur rouge de coquelicot indique son origine lointaine : aucune insecte d'originaire d'Europe ne peut apercevoir cette couleur rouge qui leur paraît d'un gris foncé, mais le coquelicot émet une couleur que les abeilles peuvent parfaitement distinguer, il s'agit d'une couleur dans le spectre de l'ultraviolet.

  • Description de la plante :

    • Le coquelicot est une plante sauvage annuelle, de la famille des Papavéracées (Papaveraceae).

    • La taille de plante est varie de 30 à 90 cm.

    • Les tiges sont ramifiées et dressées, à poils raides ; à la casse ou à la blessure laissent échapper un suc (latex) laiteux, produit par des cellules lactifères (qui contient chez certaines espèces de papavéracées, l'opium et des dérivés morphiniques, mais ces substances narcotiques ne sont pas retrouvées dans le latex produit par le grand-coquelicot).

    • Les feuilles sont très polymorphes ; les feuilles basales sont pétiolées ; diversement et inégalement très découpées en lobes étroits et dentés ; les feuilles supérieures sont sessiles et trilobées.

    • Les fleurs sont solidaires, terminales, mesurant de 7 à 10 cm de diamètre et portées sur des très long pédoncules hérissés.

      Le calice de la fleur est composé de deux sépales hérissés tombant rapidement.

      La corolle de la fleur de la grand-coquelicot est composée de quatre pétales chiffonnés avant de s'épanouir complètement ; de couleur rouge vif écarlate, mais exceptionnellement sont blancs, roses ou violets ; ils sont inégaux : deux pétales externes qui se chevauchent et qui recouvrent les deux pétales internes qui font presque la moitié de la taille des pétales externes.

      On peut découvrir sur certaines fleurs la présence de six pétales, quatre internes et deux externes.

      Parfois les pétales portent une tache noire à la base (macule) ; cela peut se voir sur tous les pétales, mais parfois seulement sur les pétales internes, ou encore, sur la même plante, on peut constater la présence des fleurs aux pétales maculés et des fleurs non maculés.

      Les fleurs de coquelicot sont sans parfum et sans nectar, mais les étamines noires violacées, sont très nombreuses autour de l'ovaire ; ils libèrent un abondant pollen très apprécié par les abeilles.

      Le style est absent remplacé par un chapeau aux lignes stigmatiques ; il coiffe directement l'ovaire.

    • Le fruit est une capsule globuleuse, avec un étranglement au niveau de la zone de la jonction entre la capsule et la tige (zone d'insertion des pétales et des sépales) ; la capsule mesure de 1 à 2 cm de long et 6 à 10 mm de large, lisse, glabre, à chapeau recouvert par des lignes stigmatiques à point de rencontre central ; elles sont au nombre de 10 à 13 lignes.

      L'ovaire à l'intérieur de la capsule est uniloculaire, divisé par des fausses cloisons longitudinales incomplètes, s'avançant de la paroi interne de la capsule vers le centre, mais sans l'atteindre.

      Le chapeau, à son périphérique se forment des clapets entre les lignes stigmatiques ; ces clapets bouchent les pores de la capsule, mais à la maturité, sous l'effet de l’assèchement, les clapets se redressent laissant les pores ouverts ; cela permet, au moindre mouvement, l'éjection de grande quantité de minuscules graines noires stockées dans l'ovaire.

      Les graines de grand-coquelicot peuvent rester dans le sol durant de nombreuses années.

    • Le coquelicot sauvage est une plantes très fréquente, on la retrouve partout dans la nature jusqu'à 1800 mètres d'altitude.

    • Floraison du grand-coquelicot est en mai-juillet.

    • Propriétés médicinales :

      A ne pas confondre avec le petit-coquelicot (Papaver dubium - le Pavot douteux) qui contient dans ses pétales des substances très toxiques : l'aporéine (l'aporrhéine), un alcaloïde de constitution mal connue, à action toxique très remarquée voisine de celle de la thébaïne.

      Le petit-coquelicot se distingue du grand-pavot par ses fleurs plus petites et plus pâles ; sa capsule est non poilue et beaucoup plus allongée : 2 à 3 fois plus longue que large ; enfin, les feuilles très découpées, presque filamenteuses.

      Le grand-coquelicot est connue dans le domaine de la phytothérapie traditionnelle pour ses propriétés sédatives (l'opium de la pharmacie familiale) permettant de l'utiliser pour traiter l'anxiété et de soulager les troubles liés à la nervosité comme l'état de stresse, les palpitations et les maux de ventre qui lui sont liés. Il est utiliser également dans le soulagement de la toux (calmant et expectorant).

      On n'ait jamais pu déceler la moindre quantité de morphine dans le coquelicot et également des substances expliquant ses propriétés thérapeutiques ; pour certains auteurs, cela prouve que les vertus phytothérpeutiques du grand-coquelicot sont inexistants.

      Dans les pétales il été trouvé du mucilage, des tanins et un colorant rouge complexe composé d'anthrocyanosides (d'anthocyane, d'anthocyanidine) et d'un dérivé de la cyanidine.

    • Symbolisme des coquelicots et des pavots en général :

      Le coquelicot symbolise le sommeil, l'oubli, la mort et le repos éternel.

      Le coquelicot est utilisé en gage du souvenir de la guerre ; cela provient du poème de John McCrae, datant de 1915 « Au champ d'honneur, les coquelicots sont parsemés de lot en lot ».

    • Mythologie :

      • Le coquelicot est consacré à Déméter (Cérès chez les Romains), la fille de Cronos et de Rhéa ; sœur de Zeus. Elle est la déesse grecque l'agriculture et des céréales, dont elle facilite la germination ; elle est également la Déesse de la Moisson.

      • Le coquelicot et les pavots en général sont rattachés à Démèter non seulement parce que le coquelicot croit au milieu des champs des blés et des autres céréales, mais aussi parce que, Zeus (Jupiter), lui en fait manger pour lui procurer du sommeil et quelques trêves à sa douleur provoquée par la perte de sa bien aimée, sa fille la belle Perséphone (Coré-Perséphone) (ou Proserpine chez les Romains), enlevée par Hadès (Pluton), pour devenir son épouse et partager avec lui le règne du monde de l'au-delà (le monde des morts ; le monde inférieur).

      • Au Proche-Orient : en Syrie et au Liban, le Coquelicot est appelé "الشقيق - شَقائق النُعْمان - chaqiq ; chaqa-i-q al-Nou'man " qui signifient " la plaie ; les plaies du Seigneur ". Ces noms sont liés au mythe de l'amour d'Aphrodite (عشتار - Ishtar la syrienne ou Inanna) et Adonis (ou Ba'l ; Tammouzi - Dummuzi) (النعمان أدونيس - al-Nou'man = le Seigneur) :

        • Le mythe d'Adonis est originaire de Syrie, il s'agit du récit des amours de la déesse Astart (Ishtar) et Adonis, mais des modifications ont été apportées à la version syrienne en Egypte et à Chypre avant de parvenir en Grèce.

          Une des versions grecques raconte qu'Adonis était le fils de Cinyras, roi de Chypre et de Myrrha (qui se métamorphosa en myrte - آس أو ريحان شامي - plante utilisée en Syrie pour décorer les tombes).

          Adonis fut recueilli par Aphrodite qui le confia à Perséphone, la reine du monde des morts. Cette dernière, prise de passion pour le jeune et beau garçon, refusa de le rendre à Aphrodite qui éprouvait de l'amour pour lui.

          Zeus qui fut consulté dans cette affaire de cœur décida qu'Adonis restera auprès de Perséphone un tiers de l'année, un autre tiers il accompagna Aphrodite, puis pour les autres tiers de l'année, Adonis serait libre de choisir, lui-même, où séjourner.

          Adonis qui séjournait auprès d'Aphrodite, passait beaucoup du temps à pratiquer sa passion, la chasse. Alors un jour, dans une partie de chasse, il fut attaqué par un féroce sanglier, probablement envoyé par un des anciens et jaloux amants d'Aphrodite (Arès ou Apollon, ou encore la sœur de ce dernier Artémis). Ce sanglier blessa Adonis mortellement à l'aine.

          Le sang qui coula de la blessure fatale d'Adonis se répandit sur le sol donnant naissance aux anémones, mais dans la version syrienne du mythe, le sang d'Adonis se changea en coquelicots, pour cette raison cette plante porte jusqu'à nos jours, le nom de " Plaies de Nou'man = Plaie du Seigneur - شَقائق النُعْمان ".

          Effectivement, on peut facilement constater que la couleur des fleurs de coquelicot est étonnement trop proche de celle du sang artériel (rouge vif), donc il est tout à fait logique de faire le rapprochement entre le sang d'Adonis et le coquelicot.

          Le séjour altérantif d'Adonis (ou Ba'l, ou Tammuzi) auprès de la reine du monde des morts et auprès de la déesse de l'amour représente le cycle annuel des saisons ; une répétition éternelle de la mort et la résurrection de la nature.


  • Références :
    • Dictionnaire numérique Cordial
    • Dictionnaire du Grand Robert de langue française
    • Gérard Guillot. Guide des fleurs du jardin. p:504. Bellin: 2015.
    • Bernard Clément. Les plantes sauvages de nos campagnes. p:115. métive 2015.
    • Maurice Reille. Dictionnaire visuel de botanique. Ulmer 2014.
    • Le guide marabout de la nature. Hachette 2013.
    • Paul-Victro Fournier. Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France. omnibus 2010.
    • Le guide des plantes qui soignent. VIDAL 2010.
    • David Fontana. Le nouveau langage secret des symboles. p:47. Solar éditions. 2010.
    • Thierry Thévenin. Les plantes sauvages, connaître, cueillir et utiliser. Lucien Souny 2008.
    • Les plantes médicinales. Sélection du Reader's Digest 2008.
    • Jean-Marie Polese. Encyclopédie visuelle des plantes sauvages. Artémis 2007.
    • Gérard Debuigne, François Couplan. Le petit LAROUSSE des plante qui guérissent. Larousse 2006.
    • Botanica : Encyclopédie de botanique et d'horticulture. Könemann. 2003.
    • L'almanach du jardinier 2000. p:19 et 91. Les nouveaux Jardiniers.


Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : 19 Juillet, 2016

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