Art africain - Maternité Yombe-Kongo (mère allaitant son enfant) - République Démocratique du Congo

Art africain
Maternité Yombe-Kongo (mère allaitant son enfant)
République Démocratique du Congo
Sculpture en bois


  • Les maternités des peuples Kongo :
    La majorité des maternités Kongo sont des statues en bois de 25 à 30 cm de hauteur ; elles représentent une femme dénudée tenant le dos bien droit, assise sur un socle, les deux jambes croisées (la jambe gauche ou celle de la droite est en avant) ; un enfant est posé dans son giron (la partie du corps qui va de la ceinture aux genoux quand on est assis, il est habituellement largeur d'une marche) ; l'enfant est habituellement en position allongée. La tête l'enfant est à gauche de sa mère (rarement à droite) qui soutient sa tête par sa main gauche et elle pose sa main droite sur ses jambes. Rarement l'enfant est assis sur la cuisse gauche de sa mère. Les seins de la mère sont apparents et volumineux ; parfois l'enfant tète du son sein gauche ou il le touche par sa main.

    Des rares versions de ces statues de maternité avec la mère porte dans son giron un enfant nkisi

    La tête de la mère est souvent surmontée d'un bonnet royal ou une calotte (petite coiffure ronde couvrant le crâne ou le sommet du crâne) décoré par des légers bas-reliefs de formes géométriques. Parfois la coiffure prend la forme d'éventail frontal doublant la hauteur de la tête. Souvent les paupières sont ouvertes, laissant apparaître des yeux en verre dirigés vers le spectateur. Les lèvres sont bien charnues avec la bouche un peu ouverte et laissant dévoiler les dents des deux mâchoires et donner l'impression de parler ou chanter.

    Le haut du thorax et le dos sont souvent ornés des petits bas-reliefs représentant des cicatrices kéloïdes des scarifications de formes géométriques parfois complexes et symétriques. Dans certaines versions ces cicatrices thoraco-dorsales sont suggérées par des des têtes de clous en cuivre. On peux parfois trouver d'autres objets d'ornement comme les colliers, les bracelets aux bras et, poignets et aux chevilles ; souvent une cordes en haut du torse.

    Généralement ces sculptures de maternité sont bien lissées et recouvertes par une patine éclatante.

    Il s'agit de jeunes femmes fières, fortes et en bonne santé symbolisant la mère avec toutes les responsabilités qui lui encombre ce titre, et également, la mère ancestrale, la mère du peuple ou l'ethnie , protectrice du lignage des Kongo qui sont représentés par l'enfant qu'elle protège et nourrit.

  • Parmi les sculptures les plus significatives de l'art Kongo, on retrouve les sculptures des fétiches à clous ou les nkisi, puis les sculptures de personnages (hommes et femmes) en positions variées, assises , à genou ou en position debout ; elles représentent des épouses royales, des musiciens, des chasseurs, des guérisseurs... Parfois les sculptures représentent des objets comme les bâtons de commencement, des sceptres, des bracelets, des chasses-mouches, des appuie-nuques, les instruments de musiques, des armes... Parfois les sculptures Kongo sont en ivoire ou en métal, des épines et des arêtes de poisson ; des stèles funéraires (ntadi) en pierre (stéatite) représentant des personnages masculins assis sur un socle.

  • Parmi les objets particuliers confectionnés par les sculptures Kongo on cite les olifants ou les cors en ivoire sculpté (instrument de musique en forme de trompe) utilisés dans les cérémonies royales, comme un instrument sonore durant les batailles afin d’appeler les guerriers au combat et ils sont également posés sur les tombes royales comme des objets funéraires.

    On retrouve également des crucifix en bronze sur bois et des représentation de la Vierge Marie chez les peuples Kongo, suite à l'expansion portugaise en Afrique, entreprise en 1512 par le roi portugais Manuel I° et encouragé à cette époque par la papoté du Vatican ; cette expansion portugaise a eu une influence importante chez l'ancien royaume Kongo : Nzinga le premier souverain Kongo qui fut convertit au christianisme ensuite plusieurs rois se sont convertis au christianisme favorisant son implantation dans cette région de l'Afrique.

    Le crucifix Kongo était utilisé comme élément figuratif chrétien, mais également comme un fétiche à usage apotropaïque (servant à détourner vers quelqu'un d'autre les influences maléfiques) et thérapeutique.
    La croix chez les Kongo faisait partie des objets traditionnels avant l'introduction du christianisme : il symbolisait le mouvement cyclique, céleste du soleil dans les quatre directions cardinales.

  • Les peuples Kongo regroupent de multiples ethnies et de royaumes de différentes importances : les Yombe, les Vili, les Sundi, les Cabindais, les Woyo, les Beembé, les Dondo... Ils se sont unifiés dès le XIV° siècle pour fonder l'ancien royaume de Kongo dans la région de l’estuaire de Cabinda et le nord-ouest de l'Angola. Le fondateur de ce royaume fut le chef de guerre Nimi, vers 1400 ; sa capitale était Mbanza (en Angola aujourd'hui). Le royaume des Kongo s'affaiblit sous la domination des Portugais puis les guerres régionales et enfin par la division du royaume à ses différentes ethnies qui ne reconnaissaient plus le pouvoir central.
 
  • Références :
    • Herbert M. COLE. Maternité - mères et enfants dans les arts d'Afrique. Fonds MERCATOR. 2017.
      L'art de l'Afrique. Série " Génie de l'art". Editions Place des Victoires - Paris. 2014.
    • Jacques Kerchache, Jean-Louis Paudrat, Lucien Stéphan, Germain Viatte. L'art africain. Editions Citadelles & Mazenod. 2008.
    • Boyer Alain-Michel. Les arts d'Afrique. Guides Hazan 2007.
    • Zerbini Laurick. ABCdaire des arts africains. Flammarion 2002.


Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : le 6 Janvier, 2019

     
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Paris / France