La dynastie des Sévères
Les Quatre Empereurs et les quatre Dames d'Emèse (Homs حمص - Syrie سوريا)
Julia Domna, Julia Mésa, Julia Soaemias et julia Mammée - (193 - 235 ap. J.-C.)
Auteur : Dr Aly Abbara
 
 
 
   
 
 
 

Septime Sévère (193 - 211 ap. J.-C.) :
Le 31 décembre de l'an 192, l'empereur romain "Commode" fils de Marc Aurèle fut intoxiqué par son amante "Marcia" la chrétienne en lui offrant une boisson empoisonnée, mais cet homme, qui avait à peine 30 ans, était dur à mourir, on l'étrangla dans son bain.

Heureux de la mort de Commode, les sénateurs élurent pour lui succéder un de leurs collègues, Pertinax. Ce dernier pour ramener de l'ordre dans les finances, il dut faire des économies ; alors il réduisit les ressources finanacières des profiteurs, parmi lesquels les prétoriens. Au bout de 2 mois de gouvernement exercé dans ce sens, on le trouva mort, tué par ses gardes.

Le successeur de Pertinax fut "Didius Julianus", un banquier milliardaire encouragé à occuper ce poste par sa femme et sa fille, qui étaient remplies d'ambition. Bien à contrecœur, mais redoutant ces femmes, Didius offrit aux prétoriens 30,000 sesterces par tête et le trône lui fut adjugé.

Le Sénat de Rome n'accepta pas un semblable marché. Il envoya secrètement des appels au secours aux généraux détachés en province ; et l'un d'entre eux, Septime Sévère, vint, promit le double de ce qu'avait donné Julianus et l'emporta. Le banquier "Didius Julianus" s'enferma dans une salle de bain : on vint l'y décapiter. Sa femme fut veuve, mais porta le titre d'ex-impératrice.

Septime Sévère, qui naquit le 11 avril 145, était originaire de Lepcis Magna, le principal port de la Tripolitaine qui obtint en 110, sous Trajan, le statut de colonie romaine ; donc Septime Sévère était un Romain Africain, Libyen ; issu d'une famille aisée ; un bel homme, d'une cinquantaine d'années, robuste, excellent stratège, spirituel dans la conversation, mais n'y allant pas par quatre chemins. Il avait étudié la philosophie à Athènes et le droit à Rome, mais parlait le latin avec un accent phénicien marqué. C'était même un homme cynique, mais honnête et droit, avec le sens très net de la réalité. Sa seule lubie était l'astronomie. Elle lui valut un mariage d'une Emésénienne (حمصية) ; en effet, Septime Sévère se trouvait en Syrie quand il perdit vers 185 sa première femme Paccia Marciana (une Lepcitaine avec qui il se maria vers 175 sans avoir eu d'enfants). Veuf, il interrogea les astres qui lui apprirent qu'un météorite était tombé dans les environs d'Émèse (Homs - حمص).

Septime Sévère se rendit et vit à Émèse où constata qu'effectivemnt, sur ce morceau de météorite "pierre noire", il fut érigé un temple dans lequel étaient installés depuis longtemps une famille de grands-prêtres du culte du Baal d'Émèse (حمص). Dans ce temple il trouva le grand prêtre et sa fille, Julia Domna (جوليا دومنا), une princesse belle, splendide, cultivée et riche, naquit à Emèse en 158. Le voyant, Septime Sévère se persuada que c'était l'épouse que les astres lui ordonnaient de prendre ; ce mariage eut lieu en 187 ; à cette période il occupait un poste dans le gouvernement de la province Lyonnaise.

Julia Domna était une femme intelligente et très cultivée ; à Lyon elle réunit autour d'elle un salon littéraire où se pressaient les beaux esprits et où elle introduisit les goûts et les modes de l'Orient. Elle mit au monde les deux empereurs de Rome, Caracalla (naquit le 4 avril 188 à Lyon pendant que son père gouvernait la province de Lyonnaise) et Géta.

En 189, Septime Sévère passa comme proconsul au gouvernement de la Sicile.

A l'été de 191, au gouvernement de la Pannonie supérieure, Septime Sévère se trouvait à la tête d'une importante armée de trois légions, sept cohortes auxiliaires et cinq ailes de cavalerie.

Septime Sévère régna du 9 avril 193 au 4 février 211, soit un peu moins de dix-huit ans ; durant ses années il ne s'adressait au Sénat que pour lui donner des ordres, et il passait son temps en guerroyant.

Les premières années du règne de Septime Sévère furent occupées par la lutte contre les deux compétiteurs qui s'opposèrent à lui :

Le premier était Pescennius Niger, gouverneur de Syrie, qui fut proclamé empereur par son armée à Antioche, fut bientôt reconnu par tout l'Orient et reçut l'appui du roi des Parthes et de ses alliés du Nord, qui occupèrent la haute Mésopotamie.
L'autre adversaire était le puissant Clodius Albinus, gouverneur de Bretagne.

Afin de concentrer ses efforts sur la guerre en Orient, contre Niger, Septime Sévère offrit le titre de César à Albinus, qui l'accepta. La guerre contre Niger se déroula en Thrace et en Asie Mineure de juin 193 à novembre 194 et s'acheva après la bataille d'Issus par la mort du Niger. Sévère poursuivit la campagne en haute Mésopotamie et récupéra les territoires des alliés Parthes, les Osrhoéniens et les Adiabènes. L'empereur obtint alors du Sénat, en 195, les titres de " Parthique arabique " et " Parthique adiabénique ".

Une fois la guerre contre Niger fut achevée, Sévère s'occupa à régler ses comptes avec son deuxième adversaire d'Albinus qui fut proclamé Auguste (empereur) de Bretagne. La campagne militaire de Septime Sévère commença à la fin de 195, et s'acheva par la bataille de Lyon, le 19 février 197, puis le suicide de Clodius Albinus.

Vers la fin de 195 et en 196, Septime Sévère établit sa dynastie militaire en se faisant déclarer fils adoptif et héritier de Marc Aurèle, en même temps que frère de Commode, puis il associa à son pouvoir, comme César, son fils aîné Bassianus, âgé de huit ans, qui prit le nom de Marc Aurèle Antonin, mais qui est connu sous le nom de " Caracalla ", le nom d'un manteau long à capuchon dont il aimait à se vêtir.

Septime Sévère commanda la seconde guerre parthique, entre 197 à 199 qui se déroula en moyenne et basse Mésopotamie. Ce fut une guerre glorieuse s'achevant par la prise et pillage de la capitale parthe, Ctésiphon, sur le Tigre le 28 janvier 198 ; ce jour-là Septime Sévère prit le titre de " très grand Parthique " ; il nomma son fils Caracalla, âgé seulement de 10 ans, Auguste et son second fils Géta : César.

Septime Sévère quitta l'Orient en 200, et revint à Rome pour y célébrer sa fête décennale, son triomphe et le mariage de Caracalla, âgé de 14 ans, le 9 avril 202 avec Plautille (de même âge), fille de Fulvius Plautianus (Plautien), un chevalier originaire de Lepcis Magna.

Septime Sévère introduisit une grande et dangereuse nouveauté : l'obligation du service militaire pour tous, à l'exception des Italiens auxquels il était interdit ; dorénavant, l'Italie fut à la merci des légions étrangères, avec lequelles Septime Sévère se livra à toute une série de guerres heureuses non seulement pour consolider les frontières, mais pour conserver leur entraînement aux garnisons.

En 208, Septime Sévère, accompagné de son épouse Julia Domna et de ses deux fils Caracalla et Géta, se rendit en Bretagne pour y combattre les Calédoniens d'Ecosse qui harcelaient le mur d'Hadrien. Après le succès de cette campagne militaire, l'empereur se rendit à York, nomma Géta Auguste ; le père et ses deux fils prirent ensemble le titre de " très grand Britannique ". On guerroya encore l'année suivante, et Sévère mourut à York (Eburacum) le 4 février 211.

Nous sommes le 4 février 211, à York, en Angleterrequand , Septime Sévère fut surprit par la mort à l'âge de soixante-six ans, tout en laissant comme successeur ses deux fils avec Julia Domna, Caracalla et Géta.

Septime Sévère déclara un jour à un de ses lieutenants: « Je suis devenu tout ce que j'ai voulu. Je m'aperçois que ça n'en valait pas la peine.» Et il recommanda à ses héritiers :
« Ne lésinez pas sur l'argent avec les soldats, et moquez-vous de tout le reste. »

Caracalla et Géta (211 - 217 ap. J.-C.) كاراكلاَّ :
Caracalla régna durant six ans, du 4 février 211, jour de la disparition de son père, jusqu'à son propre décès le 8 avril 217, à l'âge de vingt- neuf ans.

Caracalla qui était marié depuis l'âge de quatorze ans (en 202) avec Plautille, fille du préfet Plautien. Trois ans plus tard, le père de la fille, Plautien fut assassiné sur l'ordre de Sévère, et l'épouse de Caracalla, Plautille et son frère furent éloignés de la cour et exilés aux îles Lipari, puis mis à mort à leur tour en 211, aussitôt après la mort de Septime Sévère.

Caracalle ne se remaria pas et vécut au côté de sa mère Julia Domna, qui le suivait dans tous ses déplacements et s'occupait en son nom du gouvernement de l'Empire.
Cette situation explique les rumeurs qui aient circulé par certains historienssur les relations incestueuses qui se en seraient établies entre eux et qui donnaient à Julia Domna le surnom de Jocaste, la mère d'Œdipe devenue son épouse ; ces rumeurs étaient probalement fausses.

Une rumeur répandit que Caracalla avait forniqué avec sa cousine Julia Soaemias.

Caracalla, contrarié d'avoir à partager le pouvoir avec son frère Géta, il le fit assassiner le 27 février 212, en sa présence, dans les bras mêmes de leur mère Julia Domna.et condamna à mort 20,000 citoyens romains soupçonnés, à tort ou à raison d'avoir été favorables à Géta et d'avoir pris son parti, mais pour apaiser la mauvaise humeur des soldats en leur remplissant les poches de sesterces.

Ce n'était pas une nullité, mais simplement un amoral total. Il ne recevait pas les sénateurs qui se pressaient dans son antichambre, mais se montrait cordial avec les soldats et les comblait de faveurs.

Caracalla accorda le droit de cité romaine(les droits de citoyen romain) à tous les habitants libres de l'Empire qui n'en disposaient pas jusque par l'édit de Caracalla, en 212 (la constitution « antonine ») ; mais les historiens pensent que cette mesure fut décidée par l'empereur simplement pour augmenter le nombre des gens astreints aux taxes de succession ; puis les cités bénificières, perdirent ainsi leur autonomie.

Caracalla laissat presque totalement la gestion des affaires politiques à sa mère Julia Domna qui s'y connaissait, mais naturellement et qui traitait en fonction de ses sympathies et de ses antipathies. C'est elle qui dépêchait la correspondance et donnait audience aux ministres et aux ambassadeurs.

Caracalla, durant son règne personnel (211-217) joua le rôle de chef militaire effectif à la tête de ses armées, d'abord sur le Rhin et en Rhétie en 213, où il reçut le titre de « Très grand Germanique ». Puis à partir du printemps de 214, il se rendit sur le front danubien, en Mésie et en Thrace.

La seule véritable passion de Caracalla, c'étaient les guerres et les duels. A partir de 215 passa en Orient où il voulait imiter son héros légendaire Alexandre le Grand, alors il se faisait appeler comme lui « le Grand », Magnus, ; il recruta une phalange armée comme celle du héros et marcha sur la Perse ; gagna la haute Mésopotamie puis entra en territoire parthe avant de se retirer à Edesse, en Osrhoène.

Au cours des batailles, Caracalla oubliait qu'il était général en se comportant comme so1dat et en provoquant l'ennemi en corps à corps. Les légionnaires finirent par se fatiguer de ces marches militaires et de ces guerres sans queue ni tête, sans programme et surtout sans butin ; alors ils le poignardèrent.

Dans le récit de la mort de Caracalla, on indique qu'un complot de quelques hommes autour du préfet du prétoire Macrin prépara le meurtre et fut exécuté d'un coup de poignard par un officier de la garde, Julius Martialis, alors que l'empereur venait de quitter la ville de Carrhes, en haute Mésopotamie, pour aller visiter le temple de la Lune dans les environs ; l'assassin profita, afin d'accomplir sa mission, d'un moment où l'empereur s'était isolé pour uriner.

Héliogabale (Elagabal) (218 - 222 ap. J.-C.) :
Julia Domina, la mère de l'empereur défunt, fut déportée à Antioche après avoir tout perdu : son mari, son trône, ses enfants ; elle se laissa mourir de faim en 217, mais elle laissa derrière elle une sœur nommée Julia Mésa (جوليا ميزا), qui avait son intelligence et l'ambition de reconquérir le pouvoir.

Pendant tout le règne de Caracalla, ces femmes syriennes avaient vécu à Rome, au palais, mais Macrin le successeur de Caracalla les en fit chasser : Mésa avait donc rejoint sa famille, dans sa ville d'origine, Émèse (إيميز ـ حمص), sur le fleuve Oronte (نهر العاصي). Cette famille dominait à ce moment l'aristocratie de la cité caravanière ; le chef local de la noblesse était tradionnellement choisi en son sein, et dirigeait clergé du dieu tout puissant d'Émèse El Gabal (الجبل), « Seigneur de la montagne » en araméen ; c'était aussi un dieu solaire d'où son nom latin en latin : Sol Elagabalus (Héliogabale).

Julia Mésa avait deux petits-fils, nés de deux de ses filles (Julia Soaemias " جوليا سحيمة "et Julia Mammée " جوليا ماميا") : le premier était Varius Bassiatus et, sous le pseudonyme d'Héliogabale (ou Elagabal ; Elagabalo), ce qui veut dire « dieu-soleil », il était prêtre à Émèse d'où la famille de l'impératrice était originaire ; l'autre s'appelait Alexis (Alexinus) et n'était encore qu'un enfant.

Héliogabale, quelques années avant son entrônisation comme emepreur de Rome, était le grand prêtre du dieu d'Emèse, eu succédant à son arrière-grand-père maternel Julius Bassianus, le père de Julia Domna et de Julia Maesa.

Pendant la guerre civile menée contre les troupes de Macrin et de ses généraux et qui ne dura que deux mois, jusqu'à la mort de son adversaire en Bithynie, Héliogabale était demeuré à Émèse avec sa mère et sa grand-mère.

Donc, après l'assassinat de Macrin et de son fils Diadumène, déterminée à reprendre le pouvoir, Julia Mésa fit courir le bruit qu'Héliogabale était le fils naturel de Caracalla. Les légionnaires qui, en Syrie, s'étaient convertis à la religion locale et voyaient dans ce petit enfant de 14 ans qui accomplissait les rites en psalmondiant d'étranges mélopées, le représentant du Seigneur, l'incanation de Bacchusle, alors ils le proclamèrent à Émèse (حمص) le 15 mai 218 empereur et le conduisirent triomphalement à Rome avec sa grand-mère Julia Mésa et sa mère Julia Soaemias (ou Symiamira ou Bassiana - جوليا سحيمة).

En effet Varius Elagabal, le fils probable de Bassianus (Caracalla) avait à l'origine le nom de Varius, puis parce qu'il était un prêtre d'Elagabal [Héliogabale] (une divinité syrienne d'Emèse assimilé à Jupiter ou au Soleil), il s'était attribué le nom d'Elagabal, puis le nom d'Antonin

La cour impériale quitta Émèse pour Antioche, puis Nicomédie, et se mit en route pour Rome où elle arriva enfin le 29 septembre 219, à Rome qui voit pour la première fois l'Auguste Héliogabale: un jeune garçon tout vêtu de soie rouge, du rouge aux lèvres, les sourcils soulignés de henné, un rang de perles autour du cou, des bracelets d'émeraudes aux poignets et aux chevilles, une couronne de diamants sur la tête. Elle ne l'en acclama pas moins.

Encore une fois, l'empereur de Rome Elagabal ne prenait aucune décision politique sans l'accord de sa grande-mère Julia Mésa, la soeur de Julia Domina ; cette femme étaitle véritable empereur.

Pour Héliogabale, le trône, c'était comme un joujou qu'il en usa. Dans son innocence puérile, ce petit garçon était gentil comme un chiot. Son plaisir favori était de faire des farces à tout le monde. Mais des farces bien innocentes: des tombolas et des loteries comportant des surprises, des attrapes, des escamotages de cartes. Il dépensait sans compter. Il ne voyageait pas avec moins de 500 chars à sa suite, et pour un flacon de parfum, était capable de dépenser des dizaines de milliers de sesterces. Quand un devin lui prédit qu'il mourrait de mort violente, il épuisa les caisses de l'État pour se procurer les instruments de suicide les plus raffinés ; une épée d'or, un arsenal de cordes de soie, des boîtes à ciguë constellées de diamants. De temps en temps, il évoquait son passé sacerdotal et souffrait de crises mystiques. Un jour il se circoncit, un autre jour tenta l'émasculation.

Héliogabale à peine était-il entré à Rome que, consacra son dieu Héliogabale sur le mont Palatin à l'endroit où se trouvait auparavant celui du temple consacré à Orcusà côté du palais impérial et lui bâtit un temple, avec l'intention d'y transférer la pierre noire d'Émèse, et aussi le feu de Vesta qui fut arraché à son lieu traditionnel du Forumà Rome ; le Palladium, statue de Minerve par Pallasles boucliers sacrés de Mars comme et tout ce que vénèrent les Romains comme la pierre noire de Cybèle . Héliogabale voulait ainsi que ne fût adoré à Rome d'autre dieu qu'Héliogabale.

En effet, Il se fit expédier d'Émèse le fameux météorite qui symbolisait le dieu Héliogabale et l'installa dans temple qu'il avait édifié pour lui, puis proposa aux juifs et aux chrétiens de reconnaître leur religion comme religion d'État si les premiers acceptaient de remplacer Jéhovah et les autres Jésus par son petit bloc de pierre.

Elagabal se maria au moins trois fois et divorça chaque fois quelque temps après ; la deuxième de ses épouses était une vestale, Julia Aquila Sévéra, qu'il enleva au mépris des traditions les plus sacrées ; à la fin, il revint à la première de ses femmes.
Cela ne l'empêchait pas de multiplier les relations homosexuelles, en adoptant pour lui-même le rôle féminin, en s'habillant en femme et en affectant les allures d'une prostituée : il contracta même un véritable « mariage » avec l'esclave carien Hiéroclès et nomma chambellan un de ses amants, un athlète de Smyrne appelé Zoticus.

Grand-mère Mésa, constatant qu'Héliogabale mettait la dynastie en danger. Elle le persuada d'adopter son petit cousin germain Alexianus et de le nommer César, sous le nom de Marc-Aurèle-Sévère-Alexandre.
Mésa aurait proposé en même temps à Elagabal de se consacrer uniquement à ses devoirs de grand prêtre à l'égard de son dieu émséen et d'abandonner la charge de l'Empire à son cousin, c'est-à-dire à elle- même, car Alexandre n'étant âgé que de douze ans à peine.

Les deux princes inaugurèrent un consulat commun le 1er janvier 222. Mais Elagabal se repentit bientôt d'avoir accepté ce règlement de sa propre succession ; il devint soupçonneux, puis demanda au Sénat d'enlever à Alexandre la dignité de César que l'Assemblée avait entérinée.

Les prétoriens prirent parti pour Alexandre, que protégeaient sa grand-mère julia Mésa et sa propre mère Julia Mammée. Elagabal fut tué par les soldats prétoriens dans leur caserne même, le 11 ou le 12 mars 222, ainsi que sa mère Julia Soaemias (fille de Julia Mæsa) ; le cadavre de l'empereur et sa mère furent traînés dans les rues de Romes avant de les jetter dans le Tibre.

Alexandre Sévère (Severus Alexander) (222 - 235 ap.-C.) :
Naquit le 1er octobre 210.
Fils de Julia Mammée (ou Mamaea - جوليا ماميا), la seconde fille de Julia Mésa (Mæsa) ; son père était le second mari de Julia Mammée, le Syrien Gessius Marcianus, un chevalier originaire de la ville d'Arca (appelée aussi Arca Caesarea - actuellement au nord-est de Tripoli, au Liban) ; le couple ait vécu à Arca avec ses deux enfants, la sœur aînée et le futur empereur Alexandre.
Avant de devenir empereur, on l'appellait " Julius Gessius Bassianus Alexianus ". Bassianus était un nom traditionnel dans sa famille maternelle originaire d'Émèse et Alexianus venait du nom de son grand-père grand-père, le mari de Mésa," Julius Avitus Alexianus".

Cette famille syrienne fut appelée à vivre à Rome par Caracalla et y vécut jusqu'en 217. En 218, quelque temps après l'assassinat de Caracalla, sous le règne de Macrin, le père et la sœur du futur Alexandre Sévère furent massacrés ; alors Julia Mésa, ses deux filles (Julia Soaemias et Julia Mammée) et ses deux petits-fils, Elagabal et le jeune Alexianus retournèrent à leur ville d'origine Émèse, où Elagabal fut proclamé emepreur, en 220, après la mort de Macrin. Elgabal rentra à Rome le 29 septembre 219 accomagné par sa famille maternelle, Julia Mésa, Julia Soaemias, Julia Mammée et son cousin Alexianus.

Julia Mæsa, qui « dirigeait l'Empire » amena Elagabal à adopter et à nommer Alexianus " César ", le 26 juin 221. Alexianus (ou Julius Gessius Bassianus Alexianus) changea son nom pour devenir Alexandre ; puis pour qu'il puisse devenir le futur empereur, sa grande-mère Mæsa et sa mère Mammée affirmaient que le nouveau César était lui aussi un fils adultérin de Caracalla afin de le rattacher aux Sévères précédents.

Alexandre Sévère était César durant une courte durée, plus précisement huit mois et seize jours, durant la laquelle il portait le titre de « nobilissime César de l'Etat et du grand-prêtre », donc au service de l'Empire et de son cousin, l'empereur Elagabal et aussi, au service du dieu d'Émèse, installé à Rome. Réellement son rôle était de pure façade pace que Elagabal, jaloux de lui, ne lui laissait aucune initiative.

Elagabal et sa mère Julia Soaemias furent tué à Rome par les soldats prétoriens, le 11 ou le 12 mars 222, et d'Alexandre Sévère fut proclamé "Auguste" = "Empereur" par l'armée le 13 mars 222 ; il était âgé de 12 ans seulement.

Les historiens décrivent ce changement de régime politique brutal au passage de l'Elagabal à l'Alexandre de cette façon : « le peuple, l'armée, mais aussi les sénateurs se réjouirent de voir l'autorité impériale, outragée par une ignominieuse tyrannie, évoluer vers un modèle aristocratiques ».
Le prince le plus impur est remplacé par un pur, le débauché par le chaste, l'impudicité par la pudeur, l'extravagance par la simplicité, la prodigalité par la parcimonie.
Le changement du règime fut caractérisé par de nombreux bouleversements et améliorations socio-économiques parmi eux, les historiens citent :
- Les fonctionnaires indignes nommés par Elagabal ont été aussitôt remplacés.
- Les turpitudes du règne précédent doivent cesser.
- Les prostitués mâles intimes d'Elagabal sont déportés.
- Les eunuques dont Elagabal était l'esclave et dont il avait fait des chefs de bureaux financiers n'ont plus de responsabilités au palais, et leur nombre est limité.
- Les mêmes sont donnés à des amis et doivent revenir à une vie honnête.
- Le produit de l'impôt sur les souteneurs et les prostitués mâles et femelles, ne rentre plus dans le trésor impérial, mais est affecté aux dépenses concernant les édifices de spectacle.
- Les distributions de vêtements de prix instaurées par Elagabal sont supprimées.
- Elagabal avait lancé la mode des nappes ornées de broderies d'or ; ces broderies sont interdites.
- Interdiction de se faire monnayer des informations confidentielles, cette « vente de fumée », pratiquée par Elagabal et par les eunuques.
- Le fonctionnariat est retiré aux foulons, tailleurs et autres artisans, ainsi qu'aux serviteurs du palais, qui pouvaient y accéder sous Elagabal.
- Les bains mixtes, autorisés sous Elagabal, sont interdits.
- L'impôt devient trente fois moins élevé d'un règne à l'autre.
- Les réserves de blé à Rome, dilapidées par Elagabal, sont reconstituées.
- Les distributions d'huile, réduites par Elagabal, sont rétablies dans leur intégralité.
- Le droit du mariage par confarréation, aboli par Elagabal, est rétabli.
- Le rite de l'adoration, établi par Elagabal, est remplacé par la salutatio traditionnelle.

- Puis à titre de comparaison entre les habitudes des deux empereurs :
-- Elagabal fut le premier des Romains à porter des vêtements tout en soie ;
-- Alexandre ne portait jamais de vêtements en pure soie.
-- Elagabal faisait servir aux gens du palais d'énormes plats remplis de mets raffinés et variés ;
-- Les banquets d'Alexandre n'étaient ni fastueux ni trop mesquins.
-- Elagabal avait des gemmes jusque sur ses chaussures, certaines mêmes gravées.
-- Alexandre supprima des chaussures et des vêtements les gemmes dont avait fait usage Elagabal.
-- Elagabal, le 1er janvier 222, refusa de monter au Capitole.
-- Alexandre montait au Capitole chaque semaine le samedi.
-- Alexandre ne voulait pas être considéré comme un Syrien, mais plutôt comme un Romain de Rome ; c'était pour mieux se démarquer de son cousin, qui avait introduit le dieu d'Émèse à Rome et s'y habillait volontiers à l'orientale.

Au début du règne d'Alexandre Sévère, le jurisconsulte Ulpien fut nommé préfet du prétoire, et c'est lui qui fut alors la figure principale ; il y se chargea de corriger les irrégularités introduites par Elagabal, alors il fit renvoyer la pierre noire du dieu Héliogabale à Émèse, même si Alexandre était censé d'être le grand-prêtre de la divinité syrienne en remplacement de son cousin. En effet, sous l'influence du jurisconsulte Ulpien l'empereur retrouva la pratique religieuse normale du principat romain.

Le jurisconsulte Ulpien a été massacré par les prétoriens révoltés au printemps de 223.

Alexandre Sévère, qui n'avait encore que 14 ans, faisait honneur à son nom. Il avait étudié avec zèle, dormait sur la dure, mangeait sobrement, prenait une douche froide en plein hiver, s'habillait comme n'importe qui. De son prédécesseur, il n'avait hérité qu'un seul trait : son impartialité, à l'endroit de toutes les religions, avec une sympathie marquée pour la morale des juifs et des chrétiens. Leur précepte -- Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse à toi-même--, il le fit sculpter sur un bon nombre d'édifices public. Elle pigeait à gauche comme à droite jusqu'à jour où le christianisme lui mit la croix sur le dos.
Alexandre Sévère se livrait à des discussion impartiales avec des théologiens, ne fût-ce que sous l'influence de sa mère Julia Mammée qui avait pris la place de Mésa depuis sa mort, penchait vers le christianisme.


En effet, Julia Mésa mourut un peu après novembre 224 ; immédiatement la mère d'Alexandre Sévère, Julia Mammée, fut proclamée Augusta (Impératrice) et prit la direction des affaires au nom de son jeune garçon de quatorze ans.

Alexandre Sévère, spirituel, laissa à sa mère Julia Mammée la tache de gouverner l'Empire romain. Elle gouvernait bien, assistée des conseillers. Elle eut une politique économique habile, diminua l'influence des militaires et rendit au Sénat une partie de ses pouvoirs. Julia Mammée garda son influence longtemps, même après que son fils Alexandre était devenu adulte.

Julia Mammée, pour marier son fils l'empereur choisit l'élue, il s'agissat de "Gnaea Seia Herennia Sallustia Orbia Barbia Orbiana" ; elle était de famille patricienne et obtint elle aussi le titre d'Augusta, mais la belle-mère, Julia Mammée ne s'entendait pas, ni avec sa belle-fille, ni avec le père de celle-ci. Devant cette querelle familiale, l'empereur qui aimait son épouse, fut contraint de ne pas réagir quand le père fut exécuté et l'impératrice fut exilée.

Alexandre fut décrit comme un prince idéal par l'aristocratie sénatoriale. Il était Auguste ; le « bon empereur » caractérisé par son portrait physique : sa beauté virile, son goût et ses talents pour les exercices sportifs et militaires, son souci de maintenir son corps en bonne condition, sa prédilection pour la pêche, la chasse, les jeux de balle, la lutte, son regard ardent lisant dans les pensées de ses interlocuteurs.
L'auteur de la Vie le tient pour un bon orateur, mais davantage doué pour le grec que pour le latin, étant donné son origine familiale. Il était pourvu d'une mémoire étonnante et écrivit lui-même en vers les Vies des bons empereurs ; il aimait la musique, jouait de divers instruments et pratiquait le chant, faisait de la géométrie et de la peinture.
Ses qualités de chef d'état sont caractérisée par la simplicité ; son tempérament égal et aimable ; sa sobriété de moeurs, sa chasteté, ses habitudes alimentaires éloignées de tout excès, son refus de la débauche.

Pour justifier son surnom, il imitait autant qu'il le pouvait Alexandre le Grand. On loue son affection à l'égard de sa mère qui, pourtant est critiquée pour son avarice ; lui-même est économe, aime l'or sans être dépensier, si bien que ce qui est un défaut grave chez Mammée devient presque une qualité chez lui.

Les reproches principaux qui lui sont adressés concernent l'excès de sévérité envers les soldats et le rétablissement nécessaire de la discipline militaire, cela afin de justifier son surnom de Sévère.
Il incarne aussi les quatre vertus cardinales des souverains recommandables d'après l'idéologie augustéenne : la clémence, la justice, la piété et le courage (vertus). La piété concerne ses rapports et attitudes envers les dieux, non seulement les dieux romains, mais les divinités païennes étrangères, le dieu des juifs et celui des chrétiens, dans un syncrétisme et un universalisme spécialement remarquables.

Quand les Perses sous le règne d'Ardachir, redevinrent menaçants, La mère impératrice Julia Mammée partit avec son fils Alexandre Sévère en 230 à la tête de l'armée pour les repousser. Alexandre Sévère, avant d'engager la bataille, envoya au roi ennemi une lettre pour le persuader de ne pas livrer cette bataille. Celui-ci prit cela comme un signe de faiblesse, attaqua et fut battu ; en effet, il fut déclaré qu' Alexandre « mit en et contraignit le roi à la fuite », mais il s'agit d'une contrevérité car, cette propagande ne fait que transformer la défaite en victoire éclatante.

L'empereur Alexandre Sévère était un pacifiste, n'aimant pas la guerre, pour cela, il évia la guerre avec les Germains en rencontrant leurs émissaires en Gaule, et en leur offrant un tribut annuel s'ils acceptaient de se retirer. Cet offre de paix, l'empereur le paya cher car les léginnaires Indignés, se révoltèrent, (en Bretagne ou en Gaule, dans le village nommé Sicilia), tuèrent sous leur tente Alexandre, sa mère Julia Mammée et toute leur suite, et proclamèrent comme empereur en 235 le général de l'armée de Pannonie: Julius Maximin

La mort d'Alexandre Sévère eut lieu après un règne de treize ans, huit mois et neuf jours (depuis sa proclamation comme César), et selon la Chronique pascale, à la fin de février ou au début de mars 235.

Ce massacre familial mit fin au pouvoir de la dynastie des Sévères qui règna environ 42 ans, de 9 avril 193 jusqu'à la fin de février ou au début de mars 235. Cette dynastie a été soutenue et maintenue au pouvoir grâce à l'ambition, la détermination et la volonté infaillibles de quatre femmes syriennes d'Émèse.

 
 
 
  Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour le 3 Janvier, 2021
 
 
 
  Références :
- Histoire Auguste - Les empereurs romains des IIe et IIIe siècles. Recueil de biographie qui commence avec Hardien et s'achève à la mort de Numérien par un auteur HERODIEN. Traduction du Latin par André Chastagnol. Edition Robert Laffont - 1994.
- Henrie Abboudi. Dictionnaire des civilisations sémitiques. Jarrous Press 1988.
- Carlos Chad S.J. Les dynasties d'Émèse. Dar El-Machreq, Beyrouth - 1972.
- HISTOIRE DE ROME par Indro Montanelli édition augmentée et adaptée par Jacques Légaré édition adaptée par Jacques Légaré CHRONOLOGIE DE L'HISTOIRE DE ROME
 
 
 
 
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