Papver somniferum - Pavot somnifère - Pavot à opium - Histoire


Papaver somniferum - Pavot à opium
(de la famille des Papaveraceae)

  • Papaver somniferum - Pavot somnifère - Pavot à opium - Olivète :

    Extrait historique sur la famille des Papaveraceae datant de 1930
    Référence : Henri Coutière. Le monde vivant, Histoire naturelle illustrée. Les Editions Pittoresques - Paris 1930 - Tome V ; page 139 - 143.

    II. ALLIANCE DES PAPAVÉRALES (3) (PAVOT, CHOU, NAVET, ETC.)

    • Elle comprend surtout deux familles très importantes, celles des Papavéracées et celle des Crucifères. Le voisinage des Renonculales est justifié par le fait que beaucoup de ces plantes possèdent de nombreuses étamines, mais si les fleurs ont un aspect général semblable, les divers carpelles de l'ovaire sont toujours soudés entre eux par leurs bords (placentation pariétale). Il en résulte un fruit creux sur le pourtour duquel on trouvera les graines.

      Famille des Papaveracées.
      Cette famille est dominée par les Pavots, et surtout les Pavots produisant l'opium. Ce nom évoque une des drogues les plus fameuses de tous les temps, la plus fameuse peut-être et la plus ancienne, à la fois bienfaisante et terrible au point d'être la « drogue » tout court, et de tenir sous sa loi tout ce qui compte comme humanités civilisées. Comme toutes les plantes vénérables et déifiées, celle-ci porte un nom (Papaver) d'étymologie inconnue, et lorsque Tarquin l'ancien abattait les orgueilleux Pavots, suivant l'apologue bien connu, peut-être lui-même, et les Romains de son temps, ignoraient-ils déjà l'origine et le sens du nom bizarre, tellement le Pavot (et ses variétés cultivées) leur était familier. Les ancêtres perdus qui vivaient au bord des lacs suisses, dans leurs curieuses maisons sur pilotis, avaient déjà un Pavot, et les Prêtres de la plus lointaine histoire égyptienne connaissaient sans doute le « juste, subtil et puissant opium », arme redoutable entre les mains d'initiés.

      Le Pavot commun (et son frère mineur le Coquelicot), sont trop connus pour mériter une longue description : les deux sépales enveloppent la robe chiffonnée des pétales, pour tomber lorsque ceux-ci se déplissent ; il y a une nuée d'étamines brunes, et, au centre, se dresse une urne carpellaire à nombreuses parties, coiffée par les stigmates aplatis comme par un couvercle. Les bords des carpelles soudés envoient vers le centre des placentas en forme de cloisons, couverts de très fines graines chagrinées. A maturité, l'urne débouche sous son couvercle autant de meurtrières, par où sortiront les graines (on en connaît qui ne s'ouvrent pas). Toute la plante est gorgée d'un latex blanc, que la plus légère blessure fait sourdre, car ce suc (les grecs disaient opos qui n'est guère loin d'opion ou opium), est contenu dans un réseau très serré de laticifères, canaux faits de plastides communiquant librement.

      Dans le cas du Coquelicot, ce latex est à peu près dépourvu de propriétés. On utilise pourtant l'humble plante (Papaver rhceas) dans les « quatre fleurs » pectorales en lui supposant un léger pouvoir narcotique ; dans les champs de céréales mal venues, l'espèce est commune au point d'avoir été dédiée à Cérès. P. dubium et argemone en sont voisins, mais aucun n'a la beauté du Pavot alpin (P. alpinum) blanc, ou jaune dans sa var. pyrenaicum, joyau des dangereux éboulis vers 2.000 mètres, toujours très rare, et de distribution géographique très étendue. L'horticulture s'est emparée surtout de P. orientale et de P. bracteatum du Caucase, magnifiques espèces vivaces à grandes fleurs, présentant tous les tons du cramoisi au saumon, mais elle a perfectionné aussi P. nudicaule ou Pavot d'Islande, et le Pavot commun si multiforme ; celui-ci devient facilement nain, ou double, et remplace par des espaces blancs les taches noires de la base des pétales.

      Ce pavot (P. somniferum) a des fleurs et des semences blanches (var. album) ou des fleurs violettes avec semences brunes (var. nigrum) et chacune de ces formes est elle-même à feuilles lisses, ou à feuilles un peu poilues au bout des découpures. Cette dernière sorte (P. sommferum setigerum nigrum) caractérise le Pavot à huile, Olivette ou Œillette, encore très cultivé dans le Nord, en Belgique, en Allemagne. Ses minuscules graines foncées donnent à froid, 25 p. 100 d'une huile jaune et douce, de goût agréable, siccative ; puis, à chaud, encore 20 p. 100 d'huile très colorée que l'industrie utilise. Il est à remarquer que le tourteau de ces graines (mûres) n'a que des traces de substances narcotiques (si même il en a), si bien que le bétail y trouve un aliment excellent, alors que la capsule fraîche regorge de latex à opium.

      Ces petites graines sont encore d'emploi courant dans les nombreuses pâtisseries des Orientaux ; ce sont alors les semences de la variété blanche, d'ailleurs importées en grande quantité pour l'extraction de l'huile.

      Ce Pavot blanc (P. somn. album) lui-même glabre ou sétigère, est le véritable Pavot à opium, probablement originaire d'Asie Mineure, mais cultivé très anciennement par les Grecs, les Égyptiens, les Perses, les Hindous et les Chinois. La liqueur d'oubli que la Belle Hélène versa aux guerriers mélancoliques, hôtes de son époux, elle en tenait le secret d'une sorcière égyptienne, raconte le vieil Homère. Le dragon du jardin des Hespérides fut endormi par l'opium mélangé à du miel ; le dieu qui donne le sommeil est couronné de Pavots et tient une corne à opium, encore appelé extrait thébaïque (de Thèbes en Égypte).

      L'usage de la divine substance était familier aux grands médecins musulmans qui en propagèrent l'usage et peut-être la jeune puissance de l'Islam, dont le flot conquérant s'étendit de l'Espagne à l'Insulinde, par terre et par mer, est-elle responsable de son introduction dans l'Inde et dans la Chine du Sud. Les Orientaux, qui réagissent à leur manière à l'absorption de l'opium, ne connurent pendant fort longtemps que l'effet souverain de la drogue, qui dissipe la fatigue, éloigne la dysenterie mortelle, engendre le courage et la sagacité.

      Dans le jeu périlleux de « l'Intelligence Service », le collègue de Kim traqué à mort par le contre-espionnage adverse, demande avant toute chose une poignée de pilules noires à son subtil sauveur. Cl. Farrère, qui sait toutes les histoires navales, s'en est souvenu quand il fait d'un poltron, par la grâce de l'opium, le manoeuvrier héroïque et subtil qui sauve l'honneur, dans la lutte inégale contre l'Anglais (La peur de M. de Fierce).

      Malheureusement, ces faits incontestables ont leur envers. L'opium appelle passionnément l'opium, l'accoutumance à la drogue conduit les opiophages à l'hébétude et à la somnolence, que des doses énormes même ne dissipent plus, d'oeil un état de misère et de souffrance indicibles.

      On dit que l'usage de fumer l'opium est né en Chine vers le XVI lIe siècle seulement pour remplacer le tabac interdit (?). La « fumée noire » a bien fait son chemin depuis : malgré les plus sévères mesures, l'importation, dont bénéficiait l'Angleterre, fit des progrès foudroyants, conduisit aux « guerres de l'opium », ouvrit la Chine aux « diables étrangers », couvrit son propre territoire de cultures de pavots et de fumeries. En 1906, une convention fit cesser culture et importation, mais la contrebande fit rage aussitôt par toutes les voies clandestines de l'Empire géant, et il est douteux qu'on ait fumé une pipe de moins. Toute l'Asie est pleine de l'odeur indéfinissable ; des centaines de millions d'hommes font grésiller à la flamme, la goutte odorante et visqueuse de « chandoo ». Portée par l'aiguille sur le minuscule fourneau de la pipe, la drogue se résout en fumée lourde et blanche qu'une aspiration fait pénétrer, par le large tuyau de Bambou, jusqu'au fond de l'arbre respiratoire. L'Indochine, le montagneux et sauvage Assam, la Mongolie, l'Inde, la Perse, le Turkestan, l'Asie Mineure, l'Europe elle-même ont subi ou subissent la contagion ; le travailleur chinois a introduit son vice dans tout le Pacifique, et, des bouges de « Frisco », la Drogue a gagné les grandes villes américaines. Le côté excessif de cette opiomanie a suscité toute une littérature, à laquelle se mêle le point de vue sexuel de tout paradis artificiel.

    • Une fois franchie « la porte des cent mille peines », si dramatiquement décrite par Kipling, l'opiomane ne connaît plus ni charges, ni devoirs, ni affections, ni affronts sociaux, ni douleurs ; un seul souci, la Drogue, une seule souffrance, que la satiété même ne guérit pas, la soif et la faim d'opium. La « fumée noire » conduit ainsi ses adeptes (cent pipes quotidiennes?) à une existence fantomale, sans jour ni nuit, presque sans aliments ; cette lente émaciation du corps « transparent » s'accompagne d'une hypersensibilité aux bruits et aux images, qui fait de la succession des instants une hallucination et un cauchemar continus, jusqu'à la pire déchéance physique et mentale. Il s'en faut que tous les chercheurs d'illusions glissent jusqu'à ce cercle effrayant; beaucoup d'Asiatiques recuits par la Drogue et ne trouvant qu'en elle de goût à la vie, lui résistent comme de vieux buveurs de chez nous résistent à l'ivresse chronique, presque discrète. Il est difficile de dire ce que serait l'Asie sans opium, mais il semble bien qu'elle le supporte mieux que les races blanches (comme elle supporte mieux la douleur physique ?) et les ravages de la Drogue paraissent moins inquiétants que ceux de la morphine et de ses analogues, qui en sont extraits.

      La culture du P. somniferum album glabrum ne diffère pas de celle du Pavot à huile, mais, tandis que, dans ce dernier cas, la capsule parvient jusqu'à maturité et ne renferme plus qu'une faible partie des alcaloïdes dans le latex desséché (1), celui-ci est extrait par incision des capsules encore vertes sous forme de grosses gouttes, qui se dessèchent et brunissent à l'air. Rien n'empêcherait d'obtenir un opium parfait des Pavots cultivés en Occident et les tentatives sont déjà nombreuses, mais toujours elles se sont heurtées au prix élevé de la main d'oeuvre, rien ne pouvant remplacer cette cueillette minutieuse de gouttes brunes sur la plante en place. Cela finit par faire une pâte qui, après évaporation, est modelée en pains ; une longue tradition veut qu'on empêche leur adhérence par des fruits de Rumex et des feuilles de Pavot, et aussi qu'on les falsifie, mais cet antique commerce de l'opium a bien changé : les caisses métalliques soudées ont pris la place du couffin de sparterie, les laboratoires « up to date » celle des dégustateurs jurés, qui firent jadis la réputation de l'opium de Smyrne ; l'on s'attache à l'obtention de produits « standard » riches en morphine. Les opiums d'Asie Mineure, ceux de Macédoine, hormis quelques sortes spéciales pour fumeurs, vont presque uniquement à la droguerie (extrait, teinture, poudre d'opitim, fabrication des alcaloïdes).

      Les opiums de Perse additionnés de gomme, façonnés en bâtons et briquettes, atteignent un chiffre de production décuplé, dont la grande partie va aux fumeurs. L'Inde Anglaise tire un revenu considérable de son opium (dont la culture réglementée est très parfaite), mais aussi de celui des États indigènes où la culture est libre. L'ensemble atteint probablement 1.000 tonnes par an et dépasse encore la Perse. Mais la Chine a connu — et dévoré — des productions de 3.000 tonnes ; autant qu'on peut en juger, elle est aujourd'hui à la moitié de ce chiffre et doit encore importer ce qui manque à ses fourmilières de fumeurs. La culture est interdite dans nos possessions indochinoises, et l'opium est acheté au dehors, moins la contrebande certaine. Il faut dire que les opiums pour fumeurs, ou « chandoo » ont subi de multiples préparations dans les « bouilleries », et que leur titre en morphine est abaissé jusqu'à 4 et 5 p. 100 par fermentation, grillage, battage à l'air, de façon à obtenir un extrait plus parfumé, de consistance semi-liquide. Encore le bon chandoo doit-il être vieux, comme le vin, pour acquérir tout son arome ; il en existe des crus célèbres, atteignant de très hauts prix, et du tout-venant pour coolies. L'action de la flamme qui concentre d'abord la goutte, puis transforme la boulette d'opium en fumée, altère en partie les alcaloïdes, mais laisse presque toute la morphine.

      On reste confondu devant le nombre des substances chimiques que peut renfermer le lait blanc d'une capsule de Pavot. On en connaît une quarantaine au moins, dont la moitié sous forme d'alcaloïdes divers. On sait qu'on nomme ainsi des corps azotés se comportant vis-à-vis des acides comme le fait l'ammoniaque, mats leur édifice chimique est infiniment plus complexe et celui de la morphine, par exemple, ne comporte pas moins de 17 atoms de carbone. Il semble bien que la morphine existe toute formée dans le latex frais, mais celui-ci est le siège d'une oxydation très intense dont témoigne son brunissement. A la faveur de ce profond changement, il est probable que prennent naissance de nombreux alcaloides qui sont seulement des curiosités, et chez lesquels le nombre des atomes d'oxygène va croissant. Les chimistes sont un peu perdus dans cette forêt, ils se demandent par quels subtils moyens se construisent et passent de l'une à l'autre ces architectures si proches. Ils se demandent aussi ce que la plante peut faire d'un tel arsenal, pourquoi toutes n'en font pas autant, et pourquoi celle-ci le loge dans des vaisseaux spéciaux, sous forme d'une réserve laiteuse. Peut-être s'agit-il de substances de rebut, dont la plante se débarrasse de son mieux et dont elle ne fait rien.

      Il n'y a pas, jusqu'ici, de réponses à ces questions; il est seulement certain que la morphine, parmi tous les alcaloïdes découverts (par les pharmaciens Derosne et Séguin en 1804, puis par l'Allemand Sertuerner, douze ans plus tard) connaît d'innombrables congénères chez les plantes, mais reste au premier rang de tous en bien comme en mal. La codéine et la narcéine également présentes dans l'opium, ne viennent que bien après, et la kyrielle des 15 ou 16 autres qui contribuent à rendre l'action de l'opium différente de celle de la morphine, sont encore plus insignifiants.

      La morphine est de l'opium de puissance décuplée, raffinée, que l'aiguille creuse porte au plus près du lieu où elle doit agir, c'est-à-dire des plastides nerveux sensibles. Comment réagissent ces merveilleux éléments, le mystère n'est pas moins grand, ni plus, que celui de la sensation elle-même, de la mémoire et de la pensée. La piqûre de morphine supprime la perception de la douleur et procure un sommeil profond, de sorte que la petite seringue, pour certains malades torturés par un cancer, apparaît comme un dieu dispensateur de délices.

      A faible dose, la morphine procure, plus subtilement encore que l'opium, une sensation d'allégresse physique et intellectuelle, de félicité, de possibilité indéfinie dans tous les domaines (y compris le sexuel), d'euphorie en un mot, suivant le terme si juste. Mais l'accoutumance, la soif de morphine, la déchéance rapide et irrémédiable (perte de tout sens moral, tendance aux actes délictueux ou criminels), sont encore plus certains avec l'alcaloïde, ou avec ses très nombreux dérivés à demi synthétiques, dont le plus commun est l'héroïne. De sorte que ces manies toxiques sont surtout redoutables par l'extrême facilité avec laquelle elle s'installent et font tache d'huile. L'Angleterre, l'Allemagne, le Japon, pour ne citer que ces nations, fabriquent actuellement des quantités de ces drogues stupéfiantes tout à fait disproportionnées avec les besoins de la médecine et cherchent à les écouler par tous les moyens (2). Alors que la vente officielle de ces poisons est entravée par les mesures policières les plus vexatoires, la vente clandestine, sous la pression des intérêts commerciaux, constitue un péril, urgent et grave. Dans le cliquetis symbolique de ses machines à écrire, le grave concile de Genève a tenté l'impossible réglementation internationale, celle qui concilierait, sans obligation ni sanction, l'intérêt, hypocritement dénommé, des producteurs d'opium anglais et la préservation des élites. Particulièrement menacées partout, celles-ci le sont surtout, semble-t-il, aux États-Unis, nouveaux riches de la planète, stupidement privés des alcools licites, et inondés d'héroïne par le Japon. Désir passionné d'une part, soif du gain et mauvaise foi des puissances d'argent énervent toute action possible contre le terrible mal. Ajoutons qu'en Extrême-Orient même, la seringue tend à se substituer à la pipe comme plus facile ; ou plus exactement un des vices se superpose à l'autre chez les clients des fumeries, amenant une déchéance bien plus rapide. Le monde civilisé se trouve là devant le problème de son existence même, par fléchissement graduel et délisquescence de l'esprit. Les stupéfiants frappent à la tête : ils ne laissent plus que l'animal impuissant et vicieux, lourde et dangereuse charge sociale.

    • A côté de cette plante, si chargée de la science du bien et du mal (il est curieux que les vieux livres bibliques n'en parlent pas), les autres Papavéracées apparaissent comme inexistantes. Il faut cependant mentionner les genres Argemone et Glaucium. Argemone mexicana et quelques autres espèces, ornementales à cause de leurs grandes fleurs blanches ou jaunes, de leurs feuilles épineuses, ont une capsule qui s'ouvre cette fois par cinq à sept valves.

    • Glaucium luteum, le Pavot cornu du littoral, est une belle plante à fleurs jaunes dont les longues capsules filiformes s'ouvrent par deux valves de part et d'autre d'une épaisse cloison portant les graines. Cela nous conduit tout droit à la Chélidoine ou Grande-Éclaire, si connue sur les vieux murs, et dont le latex est rouge orangé vif. Ses petites fleurs à 4 pétales font en effet un fruit à deux valves rappelant exactement celui des Crucifères et qualifié de silique.
      Le suc de la plante est un très vieux remède contre les verrues, et le nom d'Éclaire fait allusion à quelque propriété d'éclaircir la vue (?). La Sanguinaire du Canada, «racine de sang » à latex rouge vif, âcre et brûlant, d'odeur opiacée, riche en alcaloïdes spéciaux, est employée en Amérique du Nord comme médicament, d'ailleurs dangereux.

      Bocconia frutescens est une haute plante américaine à larges feuilles blanches, dont les petites fleurs sans sépales ni pétales forment de légères grappes ornementales ; Macleya cordata, du Japon, lui ressemble et se voit souvent dans les jardins. Le genre Eschscholtzia comprend quelques jolies espèces californiennes, à couleurs très vives, qui couvrent d'immenses espaces semi-désertiques dans la région littorale de leur patrie. La culture en a tiré des variétés roses, rouge feu, ou blanches, aujourd'hui très répandues à cause de leur rusticité et de la profusion de leurs fleurs.

      On rattache souvent aux Papavéracées la petite famille des Fumariacées, qui semble d'abord fort différente par l'allure symétrique et bizarre de ses fleurs. La jolie plante d'origine sibérienne qu'on nomme Coeur-de-Marie (Dicentra, Dielytra, Diclytra spectabilis) comporte deux pétales roses très bossus, deux autres pétales bizarres joints au sommet autour de deux étamines triples. L'insignifiant Fumeterre (Fumaria officinalis) n'est plus bossu que d'un seul côté ; les Corydalis des vieux murs prolongent un sépale en long éperon à nectar, ce que les Pavots ne possèdent jamais. Il n'y a pas non plus de lait coloré, bien que des plastides secréteurs existent. On a vu déjà, chez les Renonculacées, des exemples analogues, où la structure régulière fait place à la zygomorphie, les étamines très nombreuses à quelques unes seulement, les pétales à de simples vestiges nectarifères.

    • (1) La capsule sèche, en infusion, est un remède immémorial contre l'insomnie des enfants. Quand « le p'tit Quinquin ne veut pas dormir (la mère est à la fabrique), on lui fait sa bouillie à base de cette infusion. A la suite d'accidents graves ou mortels, la vente officielle de ces têtes de Pavots est sérieusement réglementée, mais elle ne saurait l'être chez les producteurs. On dit que le nom de papayer est celui d'une telle bouillie à base de Pavot, chez les anciens Celtes (?).

    • (2) Y compris la si commode « valise diplomatique », comme l'a montré naguère une affaire d'héroïne.

    • (3) La famille des Papaveraceae est actuellement appartiennent aux plantes à fleurs, avec cette classification taxinomique :
      • Les végétaux (Règne des végétaux)
        • Embranchement : plantes à fleurs ou les Angiospermes (près de 250 000 espèces)
          • Clade (groupe de végétaux ayant une origine évolutive commune) : des Eudicotyledonae
            • Ordre : les Ranunculales
              • Famille : les Papaveraceae.

  • Références :
    • Le grand Larousse des 15 000 plantes et fleurs de jardin - 2015.
    • Gérard Guillot. Guide des fleurs du jardin. Belin 2015. p:502.
    • Histoire naturelle. Flammarion 2013.
    • Larousse des plantes & fleurs de jardin. Edition 2012.
    • Botanica. Encyclopédie de botanique et d’horticulture. Könemann 2003.
    • Dictionnaire numérique Cordial
    • Henri Coutière. Le monde vivant, Histoire naturelle illustrée. Les Editions Pittoresques - Paris 1930.

Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : 30 Juillet, 2017

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