ASKLÉPIOS
Dieu de la Médecine grecque antique
  • Noms :
    Asklépios, Askalapios, Asclépios des grecs ; Aesculapius ou Esculape des romains. Héros guérisseur puis dieu de la Santé et de la Médecine.

  • Filiation :
    Asklépios est le fils du dieu Apollon et de la mortelle amante infidèle Coronis, fille du thessalien Phlégyas (roi d'Orchomène en Béotie).
    Homère en fait de lui le père de Machaon et Podalire (Podalirios ou Podalerius), habiles médecins de l'armée achéenne pendant la guerre de Troie.
    Les Messéniens prétendront que sa mère est la fille de Leucippos Arsinoé.
    Certains mythes font d'Asklépios, l'époux d'Épioné, fille du roi de Cos, de laquelle il a cinq filles, dont Panacée (la Guérison universelle), et Hygie (la Santé), Iaso (la Guérisseuse) et Acéso (le Médicament).
    Les Grecs identifient à Asclépios Imhotep, architecte égyptien divinisé et vénéré à partir de la Basse Époque en tant que dieu guérisseur.

    Certains auteurs pensent que (Coronis) est un des noms de la déesse Athéna, et que par conséquence Athéna est la mère d'Asklépios, mais les Athéniens refusent toujours de lui accorder des enfants pour ne pas altérer son mythe et son image de déesse vierge, la Patronne d'Athènes.

    Coronis = corneille : un oiseau de la famille des corvidés, voisin du corbeau mais de moins petite taille, à plumage noir.

  • Lieu de naissance :
    Le lieu de sa naissance est disputé entre la Thessalie, la Messénie, Épidaure ; mais Apollon trancha en faveur d'Épidaure quand le débat fut porté devant lui à Delphes.

  • Trahison et vengeance divine :
    Selon Pindare, Coronis, enceinte d’Asclépios, le fils du dieu Apollon, elle le trahit avec un mortel, Ischys, fils du roi d’Arcadie Élatos. Apollon, apprenant la nouvelle de cette trahison par un corbeau ou une corneille, ou grâce à ses pouvoirs divinatoires, il ne tard pas à punir l'oiseau qui lui a transmit la nouvelle en teignant en noir ces plumes, auparavant blanches ; puis il tue d'une flèche sa jeune femme enceinte, Coronis.

    Dans une autre version, Coronis périt sous les flèches d'Artémis vengeant son frère jumeau Apollon (probablement à la demande d'Apollon)

  • La naissance du Héros Asklépios :
    Lorsque le corps de la jeune femme morte, Coronis fut déposé sur le bûcher funéraire, entourée par les flammes d'Héphaistos (le dieu-fourgeron), Apollon s’élance pour sauver son fils Asklépios en l'arrachant du ventre de sa mère, c'est ainsi qu'il naît d'une femme morte et jaillit du feu funéraire (en terminologie moderne : césarienne post-mortem).

    Il existe d'autres versions du mythe qui explique que c'est Hermès qui extrait Asklépios du ventre de sa mère morte.

    Selon aussi, une autre version, Asclépios est conçu après une relation amoureuse entre Coronis et Apollon, au cours d’un voyage de cette jeune femme dans le Péloponnèse, où elle accompagne son père Phlégyas. Quand tous deux arrivèrent à Epidaure, elle accouche en secret au pied d’une montagne (le mont Pyrtion selon certaines légendes), et abandonne son nouveau-né, Asklépios qui a été sauvé grâce à une chèvre qui l’allaite et un chien gardien du troupeau qui le protège. L'enfant Asclépios a été trouvé ensuite par le berger remarqua qui recherchait la chèvre manquante et le chien disparu ; il décide de tuer le nouveau-né mais, la foudre entoure et protège l'enfant d'Apollon.

  • L'éducation d'Asklépios :
    Pour l'éducation de son fils, Apollon le confie à Chiron, le Centaure, éducateur, à double nature d'homme et bête sauvage, il représente l'enseignant capable de communiquer aux humains les meilleurs connaissances utiles sur la nature sauvage, bêtes et plantes.
    Grâce au Centaure Chiron, le prestigieux maître des dieux et des héros, Asklépios apprend les incantations magiques, la science de la fabrication des médicaments, des potions et des onguents ; les vertus thérapeutiques des plantes sauvages ; la chirurgie habile qui redresse les membres tordus. Il devient « le doux artisan de la santé robuste ».
    Asklépios atteint un très haut niveau de perfection dans sa pratique de la Médecine ce qui lui permet de ressusciter les morts, surtout grâce à Athéna qui lui transmet la potion magique du sang de la Gorgone, Méduse tuée par Persée : en utilisant le sang issu de son côté gauche il perd le malade car il s'agit d'un poison violent, et en utilisant du sang extrait de son côté droit il le sauve car ce sang possède de puissants pouvoirs de guérison. C'est ainsi qu'Asclépios ressuscite un grand nombre de personnages de la Grec Antique, Tyndare, roi de Sparte, Hippolyte, fils de Thésée , Glaucos, fils de Minos...

    Le maître d'Asklépios, Chiron (Kheiron ) est différents des autres centaures sauvage (enfants du roi des Lapithes Ixion avec un nuage à la forme d’Héra). Il est né de l'union de l’Océanide Philyra, fille d’Océan, avec le Titan Cronos qui a pris l’apparence d’un cheval, donc c'est un être mi-homme mi-cheval. Chiron, dans la mythologie grecque est un grande sage, médecin habile, bon chasseur, ami des dieux et des hommes protecteur des héros grecs ; sauveur de Pélée de la horde des mauvais Centaures ; il est aussi le précepteur d’Achille, fils de Pélée, de Jason, fils d’Æson, et d’Ulysse.

  • Le bouleversement de l'ordre naturel du monde et la vengeance des Dieux :
    Les guérisons miraculeuses et les ressuscitions d'Asklépios le bienfaiteur de l'humanité inquiètent Hadès, le Dieu du monde inférieur, le monde des morts car suite à ses succès, les morts se font rares dans le monde souterrain. La solution est venue de Zeus, responsable de l'ordre naturel du monde ; le voilà anéantir Asklépios par le feu de sa foudre forgé par ses fils Cyclopes. Apollon très touché par la mort de son fils, tue de ses flèches les Cyclopes forgeurs ; mais pour le punir, Zeus obligera Apollon à servir d'esclave, pendant un an, à la cour du roi Admète de Phères, en Thessalie.

  • Le bienfaiteur devient un dieu :
    Asklépios est différent des autres mortels, il est le fils du dieu Apollon, sauvé par son père des flammes du feu d'Héphaistos ; éduqué par le Centaure Chiron, il devient un grand médecin et bienfaiteur de l'humanité, aidé dans sa mission par Athéna en lui apprenant les vertus du sang de la Gorgone Méduse ; il est jalousé par Hadès et enfin anéanti le de la foudre de Zeus.
    Tous ces particularités lui donnent le mérite d'être consacré un dieu immortel, un dieu à part entière, un dieu entièrement bienfaisant, guérisseur des maladies des hommes et soulageant leurs souffrances. Il est pour le poète Isyllos (IVe siècle), « celui, de tous les dieux, qui aime le plus les hommes ».
    Asclépios est représenté dans la voûte céleste en la constellation du Serpentaire (Ophiochos). Son maître Chiron a été placé, après sa mort, par Zeus dans le ciel, en le transformant en constellation du Sagittaire.

  • Le culte d'Asklépios :
    Le culte d'Asclépios-dieu fut développé dans toute la Grèce antique dans des temples et des sanctuaires (asclépiéions) ; le plus ancien temple d'Asklépios se trouve en Thessalie à Trekna (Trikala d'aujourd'hui) mais en effet, parmi les asclépiéions les plus célèbres on cite celui de Pergame en Asie Mineur, la ville natale du grand médecin grec, Galien ; mais le centre principal de son culte se situe à Épidaure. Les prêtres-médecins chargés du culte d'Asklépios sont connus sous le nom d'Asklépiades (Asclépiades), c'est à eux qu'on attribut l'écriture de plusieurs livres du Corpus hippocratum d'Hippocrate.

    A Épidaure (, , ), les consultants qui espéraient d'Asklépios la guérison d'une maladie et le soulagement d'une souffrance accomplissaient certaines prescriptions rituelles purificatrices (abstention sexuelle, jeûnes, abstinence de certains mets), avant d'être admis dans l'abaton, le « lieu interdit ou inaccessible », appelé aussi enkoimétérion (portique d'incubation) ; il s'agissait d'un dortoir orné de la statue du dieu, parcouru par des « serpents à grosses joues », particuliers à Épidaure, et tout à fait inoffensifs. Là les malades pratiquaient une pratique appelée « incubation », ils s'étendaient sur le sol, en contact avec la terre porteuse de songes, et ils s'endormaient. Le dieu, alors, les visitait pendant leur sommeil, il les guérissait en rêve ; le matin ils se trouvaient effectivement guéris ou encore il leur prescrivait en rêve un traitement médical ; donc il s'agit soit des guérisons miraculeuses par le dieu, soit des cures longues, ponctuées de nombreux rêves répartis sur plusieurs nuits, pleine d'indications raisonnables telles que « le dieu m'ordonna de ne pas me mettre si souvent en colère ».

    La majorité des temples dédiés à Asklépios ont été construits à proximité des sources d'eau, car avant le rite de l'incubation dans les dortoirs des temples, les malades étaient obligés d'accomplir un bain rituel purificatif ; c'est le cas dans le temple d'Asklépios à Athènes, situé sur le versant sud de l’Acropole et à proximité d’une source et qui date de 420 avant J.-C puis le temple de Pergame.

  • Animaux favoris :
    L'animal favori d'Asklépios est presque toujours le serpent ( , , ) que l'on peut voir à ses côtés, enroulé à son bâton,
    Il s'agit d'une espèce particulière de serpents connue sous le nom de (Elaphe longissima ou serpent d'Asklépios), une couleuvre inoffensive pour les humains ; pouvant atteindre la taille de deux mètres ; très rapide, très agile, possédant d'un solide appétit et se nourrissant de petits mammifères, de lézards et d'oiseaux. Toutes ces particularités font de lui un symbole de la santé dans l'antiquité

    Le serpent est un animal étroitement lié à la terre, il symbolise par ses mues la régénération et le renouvellement de la vie.

    Le serpent d'Asklépios est devenu l'emblème universel des professions médicales :
    • Quand il s'enroule autour du bâton (ou baguette) d'Asklépios il forme L'emblème asclépiade qui symbolise le dieu de la Médecine ou tout simplement la Médecine ;
    • Quand il s'enroule autour d'un bâton surmonté d'un miroir, il forme la caducée des médecins de France et l'Ordre des Médecins de France ;
    • Quand il s'enroule autour de la coupe d'Hygie, la déesse de la Santé, il forme l'emblème des Pharmaciens ;
    • Dans le caducée des Sages-femmes on remplace le bâton d'Asklépios par un forme géométrique ovoïde symbolisant l'utérus de la femme enceinte ;
    • Certains laboratoires d'analyses médicales ont associé le microscope au serpent et au miroir.
    • Les audioprothésistes ont associé le serpent d'Asklépios au diapason...

    • Le « caducée d'Hermès » :Caducée d'Hermès un bâton de laurier ou d'olivier autour duquel s'enroulent deux serpents entrelacés, il est aussi surmonté de deux ailes, symbolisant la vélocité d'Hermès le messager des dieux. Il s'agit à l'origine une baguette en or offerte par Apollon à Hermès, qui l'utilise un jour pour séparer deux serpents, mais ces serpents s’y enroulent.
      Ce caducée est l'emblème des commerçants et des professions qui s'occupent de la communication comme les imprimeurs. Au 19e siècle, quand un éditeur imprima le caducée d'Hermès sur des ouvrages de Médecine, il évoqua dans les esprits de l'utiliser comme emblème des professions médicales et beaucoup d'institutions médicales l'utilisent comme symbole, mais vu les attribues du Dieu Hermès (Mercure) : dieu des commerçants, des voyageurs, des bergers... et dieu de la ruse, du vol et des voleurs, puis le dieu accompagnateur des âmes des morts au monde de Hadès, le monde des morts ; il paraît évident que le caducée d'Hermès ne doit pas être utilisé comme emblème médical et beaucoup d'institutions médicales ont décidé de reprendre l'emblème asclépiade (le serpent et le bâton d'Asklépios) comme symbole de leurs professions à caractère médicale.

  • Il est possible qu'autrefois, l'animal favori d'Asklépios était un rongeur encore plus relié à la terre que le serpent, il s'agissait de la taupe. La forme thessalienne, d'Asklépios est Askalapios qui évoque le skalops, une forme dialectale du nom de la taupe ; pour cela certains auteurs parlent d'Asklépios comme étant un dieu-taupe, ou un dieu à la taupe. Dans le temple d'Asklépios à Épidaure on retrouver, les fondations d'un labyrinthe souterrain, fait d'anneaux concentriques , qui ressemble vraisemblablement, aux galeries souterraines d'une taupinière.

    Le coq est un autre animal consacré à Asklépios, il symbolise le jour nouveau, le renouvellement.
    Les malades qui étaient guéris sacrifiaient un coq pour lui témoigner leur connaissance. Socrate, sur son lit de mort, demande à son disciple Criton de ne pas oublier, après sa mort, de sacrifier un coq à Asklépios, car pour Socrate, la mort est une guérison de l'âme puisque elle se libère du corps matériel.

  • Représentation artistique et lieux de culte :
    Dans les sculptures de l'Antiquité, Asklépios est présenté sous les traits d'un homme barbue, mûr, s'appuyant sur un bâton sur lequel s'enroule un serpent, surnommé la couleuvre d'Esculape, et parfois accompagné de ses filles Panacée, la Guérison universelle, et Hygie, la Santé ainsi que du génie guérisseur Telesphorus.



Auteur : Dr Aly Abbara
Dernière mise à jour : le 30 Juin, 2012



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