Artémis
assimilée par les Romains à Diane
La déesse de la chasse, protectrice des femmes enceintes des accouchements et des naissances ;
protectrice de l'enfance et du développement corporel et sexuel.

La déesse de la mort subite qui possède la capacité de faire naître les épidémies et les faire guérir


Artèmis (Diane) : la déesse de la Chasse
Artémis (Diane - Diana) Chasseresse
Paris - Jardin de Luxembourg.
La déesse Artémis chasseresse, court vêtue, armée d'un arc et de flèches forgés par Héphaïstos, et accompagnée d'une biche.

  • Fille de Zeus et de Léto, sœur aînée et jumelle d'Apollon, née dans l'île de Délos.

  • Lieux de présence
    • Elle habite dans des régions portant en grec le nom d'eschatiai : les extrémités, les confins extrêmes des territoires des hommes, les limites du territoire cultivé et de l'espace sauvage, les frontières entre la Civilisation et de la Sauvagerie ; dans les montagnes, les bois et les sombres forêts, la où elle chasse les animaux sauvages ; elle descend aussi vers l'Océan, vers les embouchures des fleuves, les lagunes et les marécages (déesse des marécages ou Limnatis) et les bords des lacs et des fleuves. La nuit, elle danse avec ses Nymphes, sur la prairie.
      Artémis parcourt l'espace sauvage qui limite de toutes parts les territoires des hommes, elle ne descend que rarement dans les villes, donc les humains qui cherchent à la rencontrer doivent sortir, vers les sombres forêts (pour accomplir les rituels d'Artémis Karyatis à Sparte , Maîtresse du Noyer et des arbres sauvages qui portent des fruits ; Artémis Kédréatis près d'Orchomène, maîtresse du cèdre), vers les montagnes, ou vers la mer et les marécages (Artémis Limnatis à Sparte).

  • Représentations :
    • Déesse de la chasse et de la nature sauvage, « Dame des fauves » d'après Homère dans l'Iliade ; elle est belle, chaste, vierge et farouche, avec des grands talents de chasseresse (particulièrement les cerfs), on la représente le plus souvent, court vêtue, armée d'un arc et de flèches forgés par les cyclopes sous le patronage d'Héphaïstos, elle est souvent accompagnée d'une biche, d'un cerf ou d'un chien, ou encore d'une meute de chiens offerts par Pan (trois chiens aux oreilles coupées, deux bigarrés et un tacheté, puis sept lévriers de Spartes) ; on la trouve aussi accompagnée par un cortège de nymphes et d'océanides, desquelles elle exige la chasteté.
      La présence d'un croissant lunaire et d'étoiles surmontant son front confirme qu'il s'agit d'une déesse lunaire, errant comme la lune et apportant la lumière comme son frère Apollon, le dieu solaire qui guide le soleil dans son parcourt diurne. En effet, les attributions lunaires d'Artémis viennent de l'assimilation de cette déesse les attributions de la déesse Séléné (Artémis Séléné).

      Artémis d'Éphèse est une déesse qui représente la Fécondité, la fertilité, c'est une mère nourricière qui allaite l'humanité entière par ses nombreux seins engorgés du lait divin.

  • Attributions :
    • A l'âge de trois ans, assise sur les genoux de son père Zeus, elle lui demande en cadeau :
      « une éternelle virginité, autant de nom que son frère Apollon, un arc et des flèches semblables aux siens, la fonction d'apporter la lumière, une tunique de chasse de couleur safran avec bordure rouge, soixante nymphes océanes, toutes de même âge (neuf ans), vingt nymphes de l'Amnisos en Crète pour prendre soin de ses brodequins et nourrir ses lévriers.
      Elle demande aussi toutes les montagnes du monde et une seule cité qu'il plaira à son père car elle vivre, la plupart du temps, dans les montagnes.
      Elle demande aussi que les femmes, au cours de l'accouchement l'invoquent souvent car sa mère Léto, l'a porté et l'a mis au monde sans douleurs, et parce que les trois Parques l'ont assigné, en raison de sa naissance sans douleurs, d'être la déesse protectrice des naissances. »
      Zeus promet à Artémis de lui donner tout ce qu'elle a demandé, et en plus trente cités au lieu qu'une seule et il la nomme la gardienne de toutes les routes et tous les ports.

    • Déesse de la chasse, « Dame des fauves », elle est responsable des morts soudaines, des morts subites ; ses flèches sont toujours précises, foudroyantes de rapidité et mortelles. On lui offre des sacrifices d'animaux sauvages et domestiques. Dans ses sanctuaires, des fillettes déguisées en oursonnes dansent autour de sa statue.

    • Artémis est une déesse qui peut se montrer violente, cruelle et impitoyable envers ce qui l'offense, les exemples dans la mythologie ne manquent pas :
      • En s'associant à son frère jumeau Apollon elle se venge de Niobé, reine de Thèbes (fille de Tantale et épouse d'Amphion, roi de Thèbes). En mettant au monde sept (ou six) garçons et sept (ou six) filles, Niobé se vante d'être plus féconde que leur mère Léto ; Artémis et Apollon tuent par leurs flèches transperçantes six filles et six garçons de Niobé et seulement deux enfants parviennent à s'enfuir. Niobé, désespérée, s'enfuit pour se réfugier à Sipyle en Lydie, en Asie-Mineur, chez son père ; là elle est transformée en une pierre coulant des larmes jour et nuit.

      • Actéon, fils d'Aristée, Chiron lui enseigne tous les secrets de la chasse. Malheureusement, Actéon, en poursuivant, avec sa meute de chiens, un gibier sur le mont Citnéron, il surprend Artémis et ses compagnes nues, se baignant près d'une source ; Artémis, mécontente et craignant qu'il se vante qu'elle s'est montrée nue en sa présence, elle le transforme en jeune cerf en lui jetant de l'eau au visage, puis elle laisse ses propres cinquante chiens, qu'ils ne le reconnaissent plus, de le poursuivre et le dévorer.

      • Artémis exigeait de ses compagnes une parfaite chasteté, pour cela elle change sa suivante Callisto en ourse, pour la punir d'avoir perdu sa virginité avec Zeus et d'avoir porté un enfant de lui, puis Artémis fait appel à ses chiens pour la traquer et la tuer, mais Zeus la protège en la plaçant sur la voûte céleste parmi les étoiles. Pour d'autres, Callisto (= en grec "la très belle" - "la plus belle"), après avoir été auparavant métamorphosée en ourse par Zeus, Artémis la transperce sans pitié de ses flèches suite à une erreur de chasse provoquée par la jalouse Héra, épouse de Zeus.

        Arcas, le fils de Callisto, fut sauvé et devint l'ancêtre des Arcadiens.

      • Artémis, pour aider son frère Apollon, elle perce de ses flèches l'infidèle Coronis, la mère d'Asklépios.

      • Orion, fils de Poséidon et Euryalé, chasseur d'Hyria en Béotie ; il était le plus bel homme, mais aussi un impitoyable chasseur sauvage qui ne respecte pas les règles de la chasse, il extermine les bêtes de tout âge, sans observer aucune limite ; il poursuit aussi une des Nymphes d'Artémis, l'Hyperboréenne Opis pour la violer. Mais d'après la légende la plus répandue, en voulant attenter à la virginité d'Artémis et la violer, la déesse fait sortir de la terre un scorpion qui tue Orion en le piquant. Le chasseur, et son tueur le scorpion ont été transformés en constellations qui portent leurs noms dans le ciel.
        Encore une autre légende explique que c'est Apollon, en voulant se débarrasser d'Orion, il répète devant la déesse Terre-Mère que ce dernier s'était vanté de tuer, sur la terre tous les animaux fauves et des monstres ; la Terre-Mère, décidant de se venger d'Orion, elle lance un monstrueux scorpion à sa poursuite ; voyant qu'il n'arrive pas à tuer le scorpion en utilisant ses flèches et son épée, Orion plonge dans la mer en direction de l'île de Délos.
        Le rusé Apollon, montre à sa soeur Artémis, la présence d'un corps noir flottant sur la mer, il lui explique qu'il s'agit de la tête d'un méchant au nom de Candaon (c'est le surnom d'Orion en Béotie qu'Artémis ignorait), et qu'il vient de séduire sa prêtresse Opis ; Apollon et Artémis se mettent d'accord pour faire un concours de tir à l'arc avec comme cible la tête de Candaon ; c'est Artémis qui gagne, mais quand elle nage pour voir sa victime, elle constate qu'il s'agit d'Orion, alors elle implore Asklépios de le ressusciter ; Zeus mécontent, il anéantit définitivement Orion par la foudre avant qu'Asklépios ait du temps d'intervenir. Artémis, triste, place Orion et son poursuivant éternel, le scorpion, au ciel parmi les étoiles.

      • Dans l'épopée de la guerre de Troie, Artémis empêche temporairement le départ des flottes des armées grecques vers la ville de Troie en levant des vents contraires car elle se juge offensée par le roi Agamemnon qui a tué une biche dans un de ses sanctuaires (ou selon d'autres versions, Agamemnon s'est vanté d'être plus adroit à la chasse que la déesse elle-même ou un meilleur arché qu'elle). En interrogeant les oracles, Agamemnon apprend que pour lever cette sanction divine, il doit sacrifier sa fille Iphigénie à Artémis . Pressé dans son entreprise guerrière, Agamemnon accepte ce sacrifice mais heureusement, au dernier moment, Artémis sauve Iphigénie en lui substituant, sur le bûcher, une biche ; elle la transporte dans les airs et elle fait d'elle sa prêtresse en Tauride (Crimée).

      • Artémis envoie un terrible sanglier qui dévaste le royaume de Calydon, parce que son roi Œnée, lors d'un sacrifice offert à toutes les divinités d'Olympe pour les remercier d'avoir donner de bon récoltes, il avait oublié de lui consacrer une partie de ses récoltes.

      • Une ourse était entrée dans son enceinte sacrée près d'Athènes et elle avait été apprivoisée par les visiteurs du temple ; un jour, l'ourse, ne pouvant plus, elle griffe une petite fille, qui ne cessait pas de l'agacer. Les frères de la petite fille, furieux, tuent la bête ; Artémis se juge offensée dans son propre sanctuaire, alors elle se venge en dévastant la cité d'une peste. Suite à cette sanction divine, les fillettes d'Athènes viennent au temple d'Artémis apprendre à être sages « faire l'Ourse », en courant et dansant, torches en mains, pour la Déesse.
  • Artémis joue le rôle de protectrice de la vie civilisée dans ses différents aspects (guerre, chasse, politique, sexualité...), ses lois et ses règles établies par les dieux et les humains ; Artémis veille à ce que ces règles soient bien respectées et elle sanctionne sans pitié, tout comportement représentant un retour à la vie sauvage ; c'est pour cela qu'elle verse sa colère sur la cité de Patras, et elle tue Orion, le chasseur sauvage.

  • Artémis et la Médecine :
    • Comme on l'a vu plus haut, Artémis responsable des morts soudaines, des morts subites et ses vengeances envers les hommes sont souvent dues au non respect des règles de civilité établies par les dieux et les hommes.

    • Artémis, possède aussi, comme son frère Apollon, le pouvoir de faire naître les épidémie et le pouvoir de les guérir.

    • Artémis, la déesse de l'eschatiai, la zone de passage, elle protège toutes les périodes de transition dans la vie des humains, ces périodes de passage de la vie sauvage à la vie cultivée et qui commencent pour tout individu par la naissance puis l'enfance puis l'adolescence et elles se terminent une fois la personne atteint la maturité en devenant, adulte civilisé, homme ou femme, père et mère accomplis, citoyen utile à la société.

    • Le fait d'être farouche envers les hommes, puis ses attributions lunaires et sa virginité éternelle, tout cela fait d'elle une déesse vraiment féminine jouant le rôle de protectrice de la vie féminine qui intervient dans toutes les étapes de la sexualité féminine, de l'enfance à la puberté, le mariage, la grossesse, et l'enfantement.

      • Elle demande en cadeau à son père Zeus que les femmes, au cours de l'accouchement l'invoquent souvent car sa mère Léto, l'a porté et l'a mis au monde sans douleurs, puis parce que les trois Parques l'ont assigné, en raison de sa naissance sans douleurs, d'être la déesse protectrice des naissance. »

      • Artémis, dès sa propre naissance était prête à jouer ce rôle d'assistance à l'enfantement ; née la première, elle aide de sa mère Léto à mettre au monde son frère jumeau, Apollon.

      • Les jeunes filles dédiaient leur ceinture et leurs jouets à Artémis Eukleia (la fameuse) et elles accomplissaient des rites sous forme de danses et de chants dans la montagne et la prairie à l'honneur de la déesse Artémis ; tout cela est dans le cadre l'initiation à la sexualité et de la préparation au mariage. En récompense, la déesse viendra dans les cités des humains assister ces jeunes épouses au moment de l'accouchement en les aidant, les soulageant et les protégeant des difficultés de l'enfantement. Les mises au monde des enfants permettent à ces mère de devenir des citoyennes, et passer au statut de femmes.

      • Artémis Kourotrophe (qui fait croître les jeunes garçons) protège les nouveau-nés, garçons et filles, et leurs nourrices pour que les enfants poussent droit ; puis elle étend sa protection jusqu'au moment où ils/elles se reproduisent.

      • Artémis n'est pas seulement la protectrice de l'enfance des humais, elle est aussi la protectrice de toutes les femelles pleines et les jeunes animaux.
      • Pour comprendre le rôle d'Artémis, il faut voir les conséquences en l'absence de sa protection quand elle est offensée :

        • Dans la cité de Patras, les deux amoureux, le jeune Mélanippos et Comaithô la prêtresse d'Artémis, constatant l'opposition des parents à leur mariage, ils osent d'offenser les règles de la cité et d'offenser la déesse Artémis en utilisant son propre sanctuaire comme une chambre nuptiale illégale. La vengeance de la déesse était fulgurante et générale ; à Patras la terre ne portait plus de fruits et les habitants périssaient de maladies étranges. Le poète Callimaque nous dit :
          « La peste ravage leurs troupeaux et la gelée leurs champs, les vieillards chez eux coupent leur chevelure pour pleurer leurs fils; et les femmes meurent en couches, d'un coup subit, ou, si elles échappent, mettent au monde une progéniture qui ne se tient pas droit et ferme» (Hymne à Artémis, 124-128). L'oracle de Delphes, consulté, dévoila le crime de Mélanippos et de Comaithô; il ordonna de les sacrifier à Artémis et d'immoler chaque année à la déesse une jeune fille et un jeune homme, les plus beaux du pays. Plus tard, dit le mythe, l'introduction du culte de Dionysos mit fin à cette pratique sanglante.

Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : le 1 Juin, 2020

  • Bibliographie :
    • Robert Graves. "Les mythes grecs" traduction intégrale du livre de langue anglais "Greek Myths Cassell & C° LTD. Londres" . Edition 2, Livre de poche La Pochothéque, FAYARD. 2005.
    • Catherine Salles " La Mythologie grecque et romaine " Hachette littérature. Tallandier Éditions, 2003.
    • Jean Chevalier, Alain Gheerbrant."Dictionnaire des symboles" Edition Robert Laffont 1989.
    • Pierre Ellinger. Dictionnaire des mythologies (Sous la direction de Yves BONNEFOY). Flammarion, Paris - 1981 ; tome I.
    • Pierre Grimal, La Mythologie grecque (collection Que sais-je ?) 1972.

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